HEDERSLEBEN – The fall of Chronopolis
Nous retrouvons ici, non sans un certain plaisir, les Américains de Hedersleben qui reviennent avec leur troisième album. « The fall of Chronopolis » fait suite à « Upgoer« et « Die neuen Welten« , des albums étonnants en matière de space-rock progressif d’inspiration krautrock.
Car le mélange des genres est en quelque sorte une spécialité d’Hedersleben. Fondé par un ancien du groupe punk anglais UK Subs (Nicky Garratt) mais finalement orienté space rock et peuplé de musiciens américains se référant à la culture krautrock allemande, Hedersleben aime brouiller les pistes.
Là où le groupe reste fidèle à ses engagements, c’est envers la musique et plus particulièrement le rock spatial anglais illustré par Hawkwind. Ayant récemment participé au dernier album de l’ex-Hawkwind Nik Turner, Hedersleben a suivi ce dernier en tournée durant une bonne partie de l’année dernière. Le nouvel album d’Hedersleben continue d’être cohérent avec l’héritage d’Hawkwind puisque ce disque base son inspiration sur le roman « The fall of Chronopolis » de Barrington J. Bayley, un écrivain anglais (1937-2008) qui fut un proche collaborateur du grand auteur de science-fiction Michael Moorcock. Or, tout le monde sait que Michael Moorcock a joué un rôle important dans Hawkwind en tant que parolier et membre épisodique sur scène.
C’est donc dans une authentique perspective de space-rock alimenté de science-fiction qu’Hedersleben frappe à nouveau. « Fall of Chronopolis » suit de près le roman du même nom, le cinquième de Barrington J. Bayley paru en 1974. Exemplaire sur le thème du voyage dans le temps, ce livre poursuit la saga de la lutte entre l’Empire Chronostatique et son ennemi, l’Hégémonie. Les morceaux « An empire », « Hulmu », « The third time fleet », « Umbul », « Imperator », « Ghost armada » ou « The fall of Chronopolis » illustrent bien cette histoire. Musicalement, Nicky Garratt (guitare), Kephera Moon (claviers et chant), Ariana Jade (chant et violon), Ursula Stuart (basse) et Jason Willer (batterie) se lancent dans d’ambitieux morceaux majestueux et électrifiés (« An empire », « The third time fleet », « The fall of Chronopolis »), qui alternent avec des pièces plus courtes et plus sidérales (« Hulmu », « Umbul », « The archivist », « These pi-mesons »). Une incontestable force coule de ces morceaux, assemblage d’une parfaite cohérence qui fait de cet album une œuvre compacte et entière.
Ce disque donne une occasion de faire le point sur le parcours d’Hedersleben. Ayant démarré plutôt dans le krautrock, le groupe est progressivement passé d’une application rigoureuse d’un space-rock seventies à des manifestations musicales plus personnelles. L’album « The fall of Chronopolis » montre un groupe devenu lui-même, émancipé des ombres d’Hawkwind ou de Pink Floyd et axé sur un chemin qu’il est maintenant en mesure de construire avec ses propres matériaux. Des perspectives intéressantes pour l’avenir.
Pays: US
1305 Unterharz Records
Sortie: 2015/11/20