SOUL SIRKUS – World Play
La rencontre de deux artistes ayant toujours eu la bougeotte, Neal Schon et Jeff Scott Soto, amena rapidement la formation de Soul Sirkus. Ils s’étaient retrouvés lors d’un concert fin 2004 et, directement, la mayonnaise avait pris. De plus, Neal Schon venait d’enterrer définitivement un projet quasiment mort-né, Planet Us, constitué avec son collègue de Journey, le batteur Deen Castronovo, et comprenant Sammy Hagar et Michael Anthony de Van Halen.
Deen Castronovo quitta assez vite le nouveau projet, qui se fixa alors dans la forme reprise ci-dessous :
- Neal Schon : Guitares
- Jeff Scott Soto : Vocaux
- Marco Mendoza : Basse
- Virgil Donati : Batterie
Le guitariste Neal Schon, né en 1954, fait partie de ses artistes qui ont connu très jeune la célébrité. Fin 1970, découvert par Greg Rolie et Michael Shrieve, il entre dans le Santana Band, où ses duels mémorables avec le Maître deviendront rapidement remarqués. On retrouve sa patte sur les albums « Santana III », « Caravanserai » et « Carlos Santana & Buddy Miles. Live ! ». En 1972, il quitte Santana et, poussé par son entourage, il intègre Journey, un nouveau groupe quasiment créé pour lui, qui comprendra rapidement un autre ex-Santana, le claviériste et chanteur Greg Rolie, le batteur Aynsley Dunbar et le bassiste Ross Valory. Le succès grandira progressivement, quel que soit la composition du groupe, et s’amplifiera encore davantage, dès 1978, avec l’arrivée du chanteur Steve Perry. De 1989 à 1996, la mise en veilleuse de Journey permettra à Neal Schon d’encore augmenter son nombre de participations à d’autres projets. Quelques collaborations notoires : Neal Schon & Jan Hammer, Hagar/Schon/Aaronson/Shrieve, Bad English, les albums solos de membres de Santana et Journey, Michael Bolton, Jeff Berlin, … On le retrouve également derrière Paul Rodgers, en 1993, à l’époque de son album-hommage à Muddy Waters (Je le croiserai d’ailleurs, au petit déjeuner, à l’hôtel, le lendemain d’un excellent concert à Gand). Il a aussi enregistré quelques albums solos, dont le dernier, « I on U », est paru cette année. Il faut également noter que s’il est un honnête chanteur, il ne s’est jamais trop acharné dans ce rôle. A mon sens, une de ses caractéristiques principales est de toujours conserver un jeu « Hard », très personnel, dans n’importe quelle catégorie de styles où il opère. En outre, il a la capacité de se mettre au service de l’artiste avec lequel il travaille, même discrètement si nécessaire. Il n’est du genre « Bouge-toi de là que je m’y mette ! », ce que j’ai pu constater moi-même.
Le chanteur Jeff Scott Soto, né en 1965, a suivi Yngwee Malmsteen dès 1983 et est membre de Talisman, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une carrière solo féconde et de collaborer facilement à diverses associations ponctuelles.
Le bassiste Marco Mendoza a travaillé dans des versions plus récentes de Thin Lizzy et Whitesnake. On l’a également vu avec Ted Nugent et Ozzy Osbourne.
Le batteur Virgil Donati est passé par Ring of Fire et Planet X. On avait pu le voir derrière Tony MacAlpine au Spirit.
Avec cet album et comme souvent avec Neal Schon, on n’est pas déçu. En outre, la qualité de certaines compositions est très élevée et même parfois sublimée par le jeu des musiciens. Neal Schon se révèle toujours aussi cassant, agressif et voltigeur. Le chant puissant et assuré de Jeff Scott Soto apporte une sensation d’aisance. Le mélange donne donc bien. La rythmique est solide avec la bonne grosse basse de Marco Mendoza et la batterie de Virgil Donati. Par contre, il est dommage que ce dernier s’égare parfois dans des voies plus cafouilleuses ou martyrise trop ses pauvres innocentes cymbales.
Voici le détail des titres présentés :
- « World Play » (0’48)
- « Highest Ground » (5’06)
- « New Position » (4’31)
- « Another World » (5’39)
- « Soul Goes On » (6’18)
- « Alive » (4’40) (*)
- « Periled Divide » (5’50)
- « Poophole » (Schon/Hagar) (4’30)
- « Abailar To’ Mundo » (Mendoza) (2’15) (*)
- « Friends To Lovers » (5’23)
- « Praise » (5’47)
- « My Sanctuary » (4’38)
- « Coming Home » (4’02)
- « My Love, My Friend » (Soto) (1’55) (*)
- « Close The Door » (5’14)
- « James Brown » (3’47) (*)
Sauf indiqué, les compositions sont toutes du tandem Schon/Soto. L’astérisque signifie que l’on a affaire à un bonus.
Après une courte introduction, « World Play », « Highest Ground » et « New Position » donnent le ton. Ce sont de véritables pièces de « Hard Rock », classiquement construites, accrocheuses, dominées par la guitare, avec une rythmique puissante.
« Another World », plus lent et plus lourd, fait beaucoup penser à Led Zeppelin et surtout à son duo rythmique, John Paul Jones et John Bonham. Un superbe solo de Schon ponctue tout cela et le chant de Soto est parfait.
La ballade « Soul Goes On » pourrait cartonner. Tous les ingrédients s’y retrouvent : impeccable composition, bonne mélodie, légèrement sirupeuse, équilibre parfait des instruments, …
« Periled Divide » me rappelle beaucoup Glenn Hughes et Headrush, autant par les guitaristes (J.J. Marsh et Alex De Rosso) que par la ligne générale du morceau.
Que dire de « Peephole », qui respire le Glenn Hughes de « Addiction ». Jeff Scott Soto pousse sa voix dans des limites extrêmes et Neal Schon attaque cela à la tronçonneuse. Beau jeu rythmique également. Violent et décoiffant à souhait ! J’ai adoré.
« Abailar To’ Mundo » est un magistral solo de basse, ponctué de voix saccadées et rythmées. Bien fait !
« Praise » et « My Sanctuary » sont surtout notables pour les remarquables attaques et les solos de Schon, mais sont aussi affaiblis par la dureté écrasante et parfois désordonnée de Donati et par la qualité moindre de la composition.
« James Brown » voit le groupe et chaque musicien dans un registre « Funky » complètement différent du reste de l’album. Tous s’en tirent parfaitement, mais le plus méconnaissable reste Neal Schon, que je n’ai jamais entendu jouer comme cela. Cela termine l’album de façon bien rafraîchissante. Voilà qui devrait plaire au public en concert.
« Alive », « Friends To Lovers », « Coming Home », « My Love, My Friend », « Close The Door », sont des titres nettement moins marquants.
Un bon album pour les amateurs de « Hard Rock » classique et bien goulu, et, également pour les admirateurs du jeu de Neal Schon.
Pays: US
Frontiers Records FR CD 239-E
Sortie: 2005/04/25