GLOOMY HELLIUM BATH – Sistema solera
Voici une sorte d’OVNI en provenance de la région parisienne, ou plutôt un OBNI (objet bruyant non identifié) puisque le trio de Gloomy Hellium Bath donne sans complexe dans un métal indus électro parfaitement foufou qui va rappeler le temps où ce genre prospérait assez bien, durant les années 90.
Les gens de Gloomy Hellium Bath ont quelques lettres dans la profession. Le chanteur guitariste Krys opère dans d’autres groupes, dont Mur, Område et surtout Nerv, qui a sorti récemment un excellent album de nom de « Vergentis in senium« . Le style de Nerv a peu à voir avec celui de Gloomy Hellium Bath, quasiment inclassable bien que l’on puisse le rapprocher de groupes comme Skinny Puppy, Circus Of Dead Squirrels, Front Line Assembly, Tantrum et bien sûr en toile de fond les grands maîtres de l’indus métallique, tels Ministry, Nine Inch Nails, KMFDM ou Rob Zombie.
Mais il y a quelque chose de plus chez Gloomy Hellium Bath (aussi appelé en raccourci GHB, comme la drogue du violeur). Il y a un aspect foutraque et dingo qui jaillit littéralement de leur premier album comme un diablotin d’une boîte en carton. Krys (chant et guitare, alias Christophe Denhez, ex-6:33), Ed (guitares, machines, samples, alias Edgard Chevalier, ex-Würm) et Neil (basse) font exploser une imagination délirante et truffent leurs morceaux de surprises sonores, cabriolant dans des accélérations technoïdes (« Ouarrrrrrch ») ou s’engluant dans des atmosphères lourdes d’ordre quasiment dubstep (« Sistema solera »). Des samples des Doors (« Love her madly » sur « Ouarrrrrrch ») viennent en rajouter dans le grand n’importe quoi génial et les types de Gloomy Hellium Bath s’en donnent à cœur joie dans le délire électronique (« Bloody Mary ») ou orientalisant (le presque progressif « Dead rising horse »).
La découverte de cet album m’a permis de me remémorer des joyeuses années 90, où Rob Zombie, Prong ou Ministry régnaient en maître sur le métal industriel, un genre qui a un peu été boudé par la suite. Mais ici, Gloomy Hellium Bath vient de faire péter le couvercle du cercueil et tous les monstres du métal indus se mettent à déferler à nouveau. Beau boulot!
Le titre de l’album « Sistema solera » n’est pas du mauvais espagnol pour système solaire mais il fait référence au système Solera, une technique de vieillissement du rhum, autre préoccupation majeure des gens de Gloomy Hellium Bath. Le disque est essentiellement disponible sous forme numérique via l’agence Dooweet mais quelques exemplaires peuvent être acquis à travers le site Facebook du groupe. Et vu la belle pochette signée Stan W. Decker, il serait dommage de s’en priver.
Pays: FR
Dooweet
Sortie: 2015/10/30