HILL, Colline – Skimmed
Colline Hill passe une jeunesse tranquille dans son village de Plumelec dans le Morbihan, alors qu’elle s’appelle encore Blandine Coulet et qu’elle se repaît de musique folk (Bob Dylan, Joan Baez, Leonard Cohen, Nick Drake, Neil Young), quand les mômes de sa génération versent plus volontiers dans le rock. Cette âme celtique et folk, Colline Hill la conserve comme un bien précieux au moment où elle commence sa carrière musicale à la fin des années 2000.
Pourtant, ce n’est pas en Bretagne qu’elle demeure pour écrire sa musique mais plutôt en Irlande, où elle séjourne quelques années. Et finalement, c’est la Belgique qui l’accueille en 2008, au moment où elle décide de se fixer à Liège. Il n’y a pas de menhirs dans la Cité Ardente mais Colline Hill s’y sent bien. Après un premier EP financé grâce aux réseaux sociaux, et une poignée de fans déjà conquis par sa chanson « Cause I love », Colline Hill profite de sa réputation naissance pour réaliser son premier album « Wishes« en 2012. C’est Stuart Bruce (Peter Gabriel, Kate Bush, Loreena McKennitt) qui produit ce premier album.
Voici la suite avec « Skimmed », un nouvel album en partie écrit sur l’île irlandaise d’Inis Mor. Les rudes conditions climatique de cet ilot de l’archipel des Aran à l’ouest de l’Irlande sont propices à l’introspection et à la solitude, des situations souvent porteuses d’inspiration. C’est chargée de cette émotion rêveuse et sentimentale que Colline Hill revient en Belgique pour y enregistrer « Skimmed », au studio Purple Airplane de Bruxelles, en compagnie de Stéphane Grégoire qui opère aussi sur les instruments accompagnant la guitare de Colline Hill (batterie, basse, guitare, saxophone…). Quelques discrètes parties de trompette sont signées Martin Saccardy.
On reste subjugué par l’extrême douceur des compositions, qui flottent dans l’éther et portent la voix fragile et angélique de Colline Hill. Celle-ci évolue dans le dénuement et la simplicité de chansons graciles et cristallines. D’un aspect assez pop dans les débuts (« Oh hey was », le marquant « But in my days », immédiatement mémorisable et hit potentiel), l’album glisse rapidement vers des ambiances à la pureté folk plus affirmée après que « Back again » a en quelque sorte fait office de transition. On se trouve alors dans des choses d’une puissance comparable à du Nick Drake ou à Judee Sill (« To die like a king », le lunaire « For the last time »). On restera dans cette ambiance recueillie et blessée jusqu’à la fin de l’album, bercé par les merveilles de « Old friend », la dentelle vocale de « Wish you were here » ou les atmosphères terminales de « Random Skies » et « And the sirens ».
Cet album est tout simplement beau, fait du granit dont on taille les calvaires en Bretagne et enveloppé d’une soie fine et délicate, ou plutôt d’une dentelle bigoudène. Mais trêve de plaisanteries, tous les amateurs de folk se doivent de jeter une oreille sur ce magnifique disque, ne serait-ce que pour s’extraire un instant du monde contemporain pour se figer dans une bulle d’intemporalité et de grâce.
Pays: BE
Hill & Lake Productions
Sortie: 2015/09/21