AKARUSA YAMI – Heavy climb
Non, nous n’avons pas affaire ici à un groupe japonais d’alpinistes confirmés mais à un groupe anglais qui ferait plutôt dans la spéléologie en descendant très bas dans les profondeurs les plus sombres de notre esprit avec un death metal progressif et technique. En fait, la musique d’Akarusa Yami peut se qualifier de nombreuses façons : djent, postcore, death progressif, math rock industriel à tendance science-fictionnesque, c’est un véritable marché aux genres.
Le groupe se forme à Notthingham en 2010 autour de Tom Clarke (guitare, ex-Insidious) et du chanteur Tom Brumpton. La formation s’étoffe rapidement avec l’arrivée d’Adam Jones (batterie), Damian Lee (guitare), Jake Bennett (basse) et Lee Dowling (claviers). Cette équipe sort son premier EP « Ouroboros » en septembre 2011, au grand contentement de la critique métal, où des médias comme Metal Hammer, Zero Tolerance ou Legacy tressent quelques lauriers à Akarusa Yami. Des morceaux comme « Third eye, wide open » ou « Millenium is my salvation » sont largement diffusés à travers les web radios européennes.
Fort de son embryon de réputation, Akarusa Yami se lance sur les scènes en dehors de son fief d’origine. On le voit ouvrant pour Textures, The Ocean ou Aliases et il montre le bout de son nez au Bloodstock Festival de 2011. A la fin de cette même année, le combo enregistre le morceau « Life, the venimous way » avec le producteur James Dunkley, en guise de préparation à son deuxième EP « Trace, element, rebirth », qui sort en 2013 et qui, comme son prédécesseur, est un intéressant assemblage de djent manifestement influencé par Meshuggah.
Akarusa Yami est donc attendu au tournant à l’occasion de la parution de son premier album long format, élaboré après quelques changements de personnels, la guitariste Julia Goatly étant venue remplacer Damian Lee et Tweak s’occupant désormais de la batterie. Le claviériste, lui non plus, ne figure plus dans le groupe, à en croire le line-up déclaré sur la page Facebook de ce dernier.
« Heavy climb » arrive donc sur nos territoires avec une dizaine de titres qui empruntent à ce qu’Akarusa Yami a déjà fait par le passé, associé à de nouvelles idées. Et c’est là que se pose un des plus grands mystères du goût humain. La première écoute de cet album m’a très peu impressionné, la batterie me semblant particulièrement fade et certains effets mal placés. Puis, en revenant dessus, on découvre davantage de subtilités, un certain esprit et d’intéressants changements d’atmosphère grâce à des interventions plus électro ou cold wave. Sur les instrumentaux « Long nights in the city » ou « Loving parents », on imagine même qu’un groupe de reprises de Depeche Mode aurait profité de la pause-café d’Akarusa Yami pour se glisser dans le studio vide et placer en douce quelques compos à lui. Par contre, sur « The Natasha trade », l’intruse est clairement identifiée puisque c’est la chanteuse Joy Shannon du groupe Beauty Marks qui vient donner un coup de main derrière le micro.
C’est un petit aspect aride de la production (touchant surtout la rythmique) et les chapitres très hachés et courts peuplant les morceaux qui donnent cette atmosphère un peu fade de prime abord mais qui développe ses fragrances au fil des écoutes. Des morceaux comme « At last, sunlight (Endlich, Sonnenlicht) », « Heavy climb » ou « I work in formaldehyde » sont assez emblématiques de l’album, avec leur côté extrêmement dur d’où sort parfois un petit souffle progressif.
C’est donc un album intéressant à connaître mais qui plaira surtout à ceux qui sont lourdement impliqué dans le djent et le métal progressif ou industriel. « Heavy climb » est aussi une étape supplémentaire dans la progression d’un groupe qui pourrait surprendre à l’avenir s’il ne se disperse pas trop dans tous les genres qui l’ont influencé.
Pays: GB
Autoproduction
Sortie: 2015/10/05