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NECROBLASPHEME – Belleville

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« Belleville » est le troisième album long format des Parisiens de Necroblaspheme, un combo créé en 2001 et qui mène depuis cette époque une carrière sur un mode indépendant, en marge des modes et des courants qui traversent le métal contemporain. La ligne du parti, chez Necroblaspheme, est passée d’un death metal relativement classique à des choses plus sludge, plus atmosphériques. Après « Introducing pure violence » (2002) et « Destination : nulle part » (2008), le EP « XXVI: The deeper, the better » avait marqué les esprits en 2011 avec cette nouvelle orientation plus lourde et lente qui cohabitait avec un chant encore marqué par le death canal historique.

Les hommes de Necroblaspheme (Yann au chant, Lychar à la guitare, Hugo à la guitare lead, Xavier à la basse et Zoupa à la batterie) ont pris le temps de peaufiner leur nouvel opus et on peut dire qu’ils ont parfaitement réussi leur coup. Il ne faut se fier ni à la pochette, ni au titre de l’album pour apprécier la musique qu’il renferme. La pochette, fort belle néanmoins, évoque des armoiries traditionnelles autour desquels s’affaire un bestiaire rappelant la chasse et la tradition. Le titre, « Belleville », fait référence à un célèbre quartier du 20e arrondissement de Paris. C’est là que Necroblaspheme a mis son album au point puisque les studios Sainte-Marthe qui ont vu naître le disque sont situés à deux pas du métro Belleville.

Non, ce qu’il y a dans « Belleville » ne ressort ni de la chasse à courre, ni des petits bistrots parisiens. On nage au contraire en pleine mélasse death/sludge, étouffé dans une atmosphère de décrépitude, englué dans une boue poisseuse de désespoir définitif. Le death metal douloureux et bitumineux trouve d’ailleurs son plein écho dans « Le discours du bitume », un morceau reprenant le texte d’un poème d’Emile Goudeau (1849-1906), obscur plumitif de génie qui avait traversé la Belle Epoque en créant le cercle littéraire des Hydropathes, des gens qui ne supportaient pas l’eau et soignaient leur maux dans des litres d’absinthe.

Outre cet habile hommage à un poète peu connu, les gens de Necroblaspheme enfoncent l’auditeur sous d’impressionnants monolithes métalliques, comme « Two trees (dead wood) », « Waiting to exhale » ou « Gouffre », un titre qui veut tout dire. Afin d’aérer un peu la densité énorme de cet album, quelques courts instrumentaux ponctuent régulièrement l’ensemble. Enfin, le dernier titre « Such a lot » se veut plus clair, avec le chant de Thomas Noël du groupe Bodie, qui intervient en invité.

Necroblaspheme réussit ici un album aux constructions complexes, dont la sonorité est réellement propre au groupe. Entrer là-dedans nécessite un bagage solide en termes de death metal alambiqué mais l’écoute est édifiante, pour ne pas dire rédemptrice.

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2015/09/14

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