FLORA QUARTET – Muzikka organikka
Ceux qui pensent que la musique expérimentale avant-gardiste est arrivée au bout de ce qu’elle pouvait explorer vont encore pouvoir continuer à creuser avec le Flora Quartet, qui repousse encore une fois les limites de l’inconcevable et renvoie l’auditeur sur les routes de l’infini sonore.
Cette formation polonaise est le résultat de l’association de quatre artistes pas vraiment portés sur la valse-musette. Marcin Dymiter (également connu sous le nom d’Emiter) opère dans le domaine de la musique électronique moderne et de l’improvisation. Il crée des installations sonores pour la radio, le cinéma, le théâtre ou des expositions et anime des ateliers sonores opérant principalement dans le domaine du field recording (vous posez un micro au milieu d’une forêt ou d’une autoroute à quatre voies et vous considérez que ce que vous avez enregistré est de la musique). Dymiter est aussi producteur et a participé à des ateliers musicaux en Pologne et ailleurs, dans des projets menés par exemple par Le Quan Ninh, Andrew Sharpley, John Butcher ou Robin Minard. Diplômé à Berlin, vainqueur du concours Netmage à Bologne et bénéficiaire de diverses bourses et fonds de soutien du ministère de la culture polonais et du Visegrad Fund, Dymiter est aussi membre de l’Association polonaise de musique électroacoustique. Il a participé à des groupes comme Ewa Braun, Mapa ou Mordy.
Piotr Janiec est joueur de tuba et coopère avec le centre Borderland pour les arts, les cultures et les nations (une ONG mise en place en Pologne pour la reconstruction culturelle du pays après la chute du communisme). Après être passé dans les rangs du Klezmer Orchestra et du Sejny Theatre, il joue maintenant dans diverses formations, comme le Trifonidis Orchestra, Frozen Bird ou Muzyka Miejsca.
Tomek Stawiecki, clarinettiste et saxophoniste, est aussi associé au centre Borderland et a participé au projet du Senjy Theatre Klezmer Orchestra. Ce projet explore la musique klezmer, c’est-à-dire la musique traditionnelle juive ashkénaze de Pologne. A ce titre, Stawiecki est également membre du groupe Sztetl, qui travaille aussi sur cette musique traditionnelle. Stawiecki est autodidacte, il a appris son art dans des réunions, des leçons ou des ateliers avec des pointures de la musique polonaise contemporaine, tels que David Krakauer, Wacław Zimpel, Marcin Masecki ou Raphael Rogiński.
Małgorzata Wawro est la quatrième participante du projet Flora Quartet mais elle n’est pas musicienne. Elle crée des projections audiovisuelles qui animent des manifestations musicales. Ses constructions visuelles utilisées dans des événements musicaux cherchent à susciter des attitudes tolérantes et ouvertes chez les regardeurs, en association avec la musique.
Il est effectivement dommage que l’album de Flora Quartet ne permette pas de voir les animations visuelles de Małgorzata Wawro, car il faut une certaine dose d’ouverture et de tolérance pour aborder cette musique construite sur des collages sonores, des émissions d’ondes atonales et monocordes, où des bruitages divers viennent se greffer. Cinq morceaux (dont certains poussent jusqu’à 15 ou 17 minutes) établissent une ambiance cosmique, planant au milieu des étoiles ou s’insinuant au creux des fonds marins. C’est donc de la musique expérimentale pure qui rebutera bon nombre d’auditeurs, sauf ceux qui auraient besoin d’un fond sonore pour un film amateur de science-fiction d’avant-garde ou des activités sexuelles déviantes. Cela peut aussi faire un bon fond sonore pour de la relaxation, dans l’obscurité totale et avec des vapeurs d’encens dans les narines. Avec possibilité d’activités sexuelles déviantes.
Bref, si vous n’y comprenez rien, n’en dégoûtez pas ceux qui aiment. Et si vous voulez estomaquer vos amis qui vous reprochent toujours de diffuser le même best of Status Quo lors des soirées pizzas, ce disque est pour vous.
Pays: PL
Gusstaff Records
Sortie: 2015/10/09