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KRISTEN – Stiff upper worlds

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C’était un jour de pluie et je partais tranquillement au boulot en voiture. Et ce « Stiff upper worlds » de Kristen qui passait sur mon lecteur CD était le compagnon idéal pour vivre pleinement les embouteillages mièvres et désespérément monotones qui venaient entraver mon chemin, pour apprécier à sa juste valeur la pluie venant se placarder sur mon pare-brise, permettant à peine d’apercevoir les molles cohortes de piétons déambulant sous leurs parapluies, en route pour des destinations inconnues de moi et dont je me moquais bien. Bref, « Stiff upper worlds » collait parfaitement à cette situation tristounette et fugace, avec son post-rock lent et rêveur.

Le label Gustaff Records a donc eu la bonne idée de rééditer cet album sorti en 2002, le deuxième des Polonais de Kristen, dont nous avions évoqué le destin lors de la sortie de leur septième album « The secret map«  au début de cette année. Nous n’allons donc pas revenir sur la présentation détaillée de la vie et de la carrière de ce groupe formé en 1997 et toujours géré par Michał Biela (chant, guitare), Łukasz Rychlicki (guitare) et Mateusz Rychlicki (percussions). Il faut juste savoir qu’en 2002, à ses débuts, ce combo était déjà en mode de croisière dans l’élaboration de sa musique, tant ce « Stiff upper worlds » contient déjà tout et révèle une incontestable maturité, doublée d’une certaine intemporalité.

Car la musique qui sort de cet album aurait pu avoir été composée la semaine dernière, on n’y aurait vu que du feu. Mais il s’agit quand même de 2002, les amis. Il y a 13 ans, ce qui n’est pas rien. Imaginez écouter un truc de 1964, genre Rolling Stones, et écouter les œuvres du même groupe en 1977, passant du premier album à « Black and blue ». L’évolution est gigantesque alors qu’ici, rien ne semble avoir changé. On peut interpréter ce phénomène sous deux angles radicalement différents. Soit parce qu’il n’a pas varié dans son style, Kristen est dépourvu d’imagination; soit parce qu’il a été capable de maintenir une cohérence inaltérable sur plusieurs années, Kristen possède une vision personnelle et originale, signe de génie.

Nous opterons quand même pour la deuxième solution en nous laissant bercer par ce minimalisme feutré, servi par une voix douce et fine et ondulant sous de calmes lignes de basse. « Extraterrestrial logic », « Throbbing of things », « Stiff upper worlds » glissent comme une jeune fille timide néanmoins animée d’un regard intense. Car c’est bien dans un glissement doux et rassurant que nous entraînent les musiciens de Kristen. Pas d’affolement, mais une certaine tension qui permet d’échapper à la nonchalance et de garder au contraire la tête froide et des sentiments solidement posés. Nous ne sommes pas loin non plus d’un certain psychédélisme décharné (« Saturday late night stroll »), prêt à tout moment à lâcher des décharges électriques (« Unseen revelation of Virgin Mary ») ou des turbulences rythmiques (« Potentially internal exile »).

Cet album est donc à découvrir pour ceux qui s’intéressent à un post-rock proche de Tortoise ou June of 44. C’est aussi une occasion de mieux faire connaissance avec Kristen qui, à la lumière ce qu’il nous avait appris sur « The secret map », est un des secrets les mieux gardés du post-rock polonais.

Pays: PL
Gusstaff Records
Sortie: 2015/10/09

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