TAÏFUN – Of coyotes and men
Dès la lecture du nom de ce groupe liégeois, les connaisseurs de Motorpsycho l’auront deviné : Taïfun est effectivement inspiré d’une chanson du célèbre combo norvégien. Les cartes sont déjà sur la table avec Taïfun, qui annonce donc sans vergogne son amour pour ces dignes représentants d’un rock alternatif oscillant entre psychédélisme et progressif, riche en ambiances de tous ordres.
Qui plus est, les musiciens de Taïfun avaient déjà marqué leur admiration pour Motorpsycho avec le titre de leur premier album paru en 2011, à savoir « Trondheim », qui est la ville d’origine de Motorpsycho. D’ici à ce que le troisième album porte le nom de la petite amie du batteur de Motorpsycho, il n’y a pas loin.
Par rapport à la mélancolie ambiante et à la fragilité psychédélique qui existait sur « Trondheim », « Of coyotes and men » se veut plus puissant, tout en conservant une certaine subtilité qui rapproche Taïfun de groupes comme Modest Mouse, Built To Spill ou Death Cab For Cutie, sans parler bien sûr de… Motorpsycho. Cédric Brull, Julien Dubois, Francisco Malsano et Pete Marshall développent neuf titres qui ont le temps de mûrir sur quatre minutes de moyenne. Le mid-tempo est roi et Taïfun est rarement pris en excès de vitesse sur cet album. De ce fait, il règne un climat de calme, avec toujours une colère sous-jacente, une énergie refoulée qui suinte dans les instruments et le chant tendu et triste.
Les textes en anglais portent la plupart du temps sur une vision désabusée de l’humanité, gangrénée par la politique (« Masterfuck »), soumise aux dangers médicamenteux de la médecine moderne (« Built to split ») ou qui n’a jamais tiré les leçons de l’histoire (« Feretrin »). Dans ce domaine, les gens de Taïfun sont capables de distiller un mal de vivre typiquement norvégien. La tristesse des sujets abordés trouve souvent une transcendance via de longs et beaux solos de guitare (« Built to split », « Oh! Captain ») ou des instrumentations raffinées (« Feretrin », « Bouba », un instrumental avec Clément Dechambre au saxophone) et des lignes de basse souples et efficaces.
L’album est enregistré par Julien Conti (Casse Brique, Mambo), un des petits maîtres du math rock belge, et produit par Julien Paschal. Les sonorités claires et puissantes qui se dégagent de leur travail ajoutent encore davantage de qualité à un album qui en était déjà bien pourvu.
Pays: BE
Honest House Records
Sortie: 2015/09/25