RASTABAN – Arise
Pour les amateurs d’astronomie, Rastaban est le nom populaire d’une étoile, Beta Draconis, la troisième étoile le plus brillante de la constellation du Dragon. Ce n’est pas la porte à côté puisqu’elle se situe à 361 années-lumière de notre soleil. Plus accessible est par contre le groupe Rastaban, un collectif namurois né de différents groupes locaux et qui prospère sur un terrain essentiellement folk.
La musique de Rastaban est d’humeur voyageuse. Marine Libert (chant), Stephan Késenne (violon, bouzouki, chant), Dominic Marchal (guitare), Luka Aubri (slideridoo, chant) et Mich Rozek (percussions), ont mis à profit leurs expériences héritées de leurs précédents groupes IlianA, Les Légendes Du Temps, Tator ou Omnia (groupe néerlandais) pour créer avec Rastaban un répertoire inspiré de multiples cultures. Que ce soit la musique bretonne ou irlandaise, les chants traditionnels des Carpates ou de la Bosnie, les sonorités mongoles ou orientales, il n’y a pas un style de musique populaire du monde qui n’échappe à ces folkeux chevronnés, dont certains avaient même tutoyé le rock ou le métal durant leurs jeunes années.
Rastaban en est ici à son deuxième album, un « Arise » qui fait suite à « Aurora », paru en 2013 et qui avait fortement contribué à établir le groupe dans le petit fief du folk alternatif, que ce soit en Europe ou au-delà. Egalement autoproduit, ce deuxième album sent la classe de bout en bout. D’abord avec le bel artwork de la pochette, dont les photos sont signées Brooke Shaden, une photographe américaine. Ensuite pour la musique du groupe, illuminée par la magnifique voix de Marine Libert, qui glisse avec la même aisance sur des textes en français, en anglais, mais aussi en bulgare, en serbo-croate ou en gaëlique, bref plein de dialectes absolument pas identifiables pour les francophones bon teint qui ne parlent qu’une langue.
De nombreux invités viennent également enrichir les morceaux, avec par exemple des musiciens des groupes Cesair (Pays-Bas), Daemonia Nymphe (Grèce) ou La Horde (Belgique), qui viennent assister leurs amis de la grande fraternité folk internationale pour les aider à concocter le meilleur album possible.
Et c’est vrai que, dans un registre folk tribal alternatif, « Arise » distribue les excellents morceaux de bout en bout. Des incantations désertiques d’« Anadolka » à l’atmosphère festive de « Zora » en passant par les rondes envoutantes de violon sur « L’aube des dieux », cet album, très bien produit, est un fort agréable moment pour les amateurs de folk. Et pour les autres, comme moi qui n’ai qu’une connaissance primaire du sujet. En prime, Rastabian termine son album sur une reprise de « Free money » de Patti Smith, où la voix de Marine Libert vient se loger à merveille dans les traces de la grande Patti.
Bel album, donc, d’un professionnalisme irréprochable et riche en feeling. Peut-être une occasion pour ceux qui sont réfractaires au folk de faire un pas en direction de cette musique pleine de ressources.
Pays: BE
Artetra 15/01
Sortie: 2015/08/30