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NOVEMBRE – Novembre

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Drôle de groupe que ce Novembre, duo originaire de Limoges qui se trouve à la frange de bien des styles, entre new wave funéraire, hip-hop psychopathe et slam neurasthénique. Trouver des informations sur ce groupe relève de l’enquête policière de longue haleine. En effet, on ne sait pas si Novembre a trop peu d’estime de lui-même pour ne pas oser faire une publicité clinquante et inévitable sur son album, mais en tous cas, il a tort de rester aussi discret. Nous avons en effet reçu son disque sans aucune explication, même pas la mention d’un site internet sur lequel recueillir quelques infos sur ce groupe.

Et pourtant, Novembre gagne à être connu, même si son style proche du slam de Grand Corps Malade ne le place pas forcément clairement dans le rock ou la pop. Car ce qui se dégage de la dizaine de chansons peuplant « Novembre » est tellement fort, tellement cru, tellement impitoyable que l’on ne peut s’empêcher de rester collé à ces paroles insolites et à ces ambiances angoissantes.

Les paroles de chansons scandées par un mystérieux Amiral D auraient pu avoir été écrites par le Docteur Petiot, Landru, Thierry Paulin, Michel Fourniret, Marc Dutroux ou n’importe quel autre tueur de masse ou découpeur de jeunes filles. Les climats sordides évoqués par ce chant parlé sur un ton calme et désabusé dépassent de plusieurs longueurs les effets effrayants qui sont en général l’apanage des groupes de death ou de thrash metal. A côté de Novembre, Cradle Of Filth ou Slayer sont de petits écrivains de contes pour enfants ou des auteurs de bandes dessinées catholiques.

Mais ces textes seraient insupportables s’ils n’étaient pas rendus vivants par une poésie incontestable. L’Amiral D. est un esthète dans la description des meurtres nocturnes, des viols aux portes des cimetières ou de l’adoration des lames de scie. Les litanies qu’il prononce sont rendues encore plus étouffantes par l’accompagnement musical du tout aussi mystérieux Le Pendu, un multi-instrumentiste au pseudonyme tout à fait bien venu en la circonstance. Ainsi, ces deux vilains promènent l’auditeur dans un univers inédit, non pas sur le plan musical mais incontestablement sur le plan des mots. La fascination pour la lune (« A quand l’éclipse »), les exploits de médecins légistes fous (« Music hall »), le jardinage vu par Jack l’éventreur (« La colline silencieuse »), les petites joies simples du tueur (« Rec ») ou les aigreurs du poète maudit (« Haute couture ») sont des exemples de cet univers terminal, de ce pessimisme poussé à l’extrême, de cette attirance morbide pour le crime sanglant.

Novembre a très bien choisi son nom et risque de faire sombrer dans la folie tous les dépressifs ou les psychanalysés qui viendraient à tomber entre ses griffes musicales assassines. Mais il y a quand même le grand frisson garanti pour tous ceux qui veulent se laisser envahir par la musique hors-normes de ces poètes sombres.

Pays: FR
NOV 1/1 (autoproduction)
Sortie: 2015/07/25

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