TERWAGNE, Olivier – Mnémosyne
Ne nous voilons pas la face, la situation de la chanson française est passée en quelques décennies de Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré, Barbara à Florent Pagny, Pascal Obispo ou Vanessa Paradis. Autrement dit, c’est une débâcle, la retraite de Russie, la chute de l’empire inca, une véritable catastrophe.
Et là où la France ne peut plus relever la tête, les Belges peuvent sans doute encore mener quelques barouds d’honneur avec de jeunes auteurs doués, bien que peu visibles. Avec Olivier Terwagne, la chanson d’expression française tient un des derniers héros du verbe, de la strophe bien troussée et du message pertinent. Certes, ici, nous sommes à l’extrême limite du territoire rock, pop, folk ou blues défendu par Music In Belgium. Mais Olivier Terwagne a quelques arguments pour attirer notre attention. D’abord, il a réalisé son premier album avec l’aide d’Alonza Bevan, bassiste de Kula Shaker et des Healers de Johnny Marr, qui assure une direction artistique donnant un petit côté pop anglaise à l’ensemble. Ensuite, ce jeune auteur-compositeur nous a fait ici une ensemble de chansons si belles, si frondeuses, si nostalgiques et quelque peu cyniques que tout mélomane francophone ne peut qu’adhérer à ce véritable courant d’air frais qui vient souffler sur la vénérable et aujourd’hui souffreteuse chanson d’expression française.
Olivier Terwagne nous livre ici son univers, fait d’histoires d’amour (« La vie est un long deuil tranquille », « Nos faiblesses »), d’histoires d’humour (« Tweet sur seins trompés », « Pas contentes »), de flèches venimeuses décochées contre notre société boursouflée et hypocrite (« Banana Splitsing », « Blasphémateurs ») ou de nostalgie de l’enfance heureuse (« Je voudrais encore », « Tonton »). Dans tous ces registres, l’humour et la délicatesse ne perdent jamais leurs droits et l’écriture, cerise sur le gâteau, est une petite merveille de sensibilité et d’érudition littéraire. Olivier a tout composé et écrit (sauf « L’odeur âcre », dont les paroles sont d’Eric Piette) et a centré l’instrumentation autour de son piano, accompagné par une flopée d’instruments divers qui enrichissent magnifiquement les mélodies et les arrangements. Cette luxuriance instrumentale est aussi le fait d’une pléthore de musiciens invités, dont Françoise Derissen (violoniste ayant travaillé avec Renaud Lhoest et Yann Tiersen), Audrey Evans (des Mediaeval Baebes), Lionel Polis, Marie Eve Ronveaux (violoncelle) et bien sûr Alonza Bevan qui joue de la basse.
L’homme sera en concert à la Samaritaine de Bruxelles (à deux pas du Sablon) du 23 au 26 septembre. Si vous souhaitez commencer l’automne sur une note fleurie, ceci est pour vous.
Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2015/06/02