MACHINE (The) – Offblast!
Après « Drie« (2010), « Calmer than you are« (2012) et un « Split album« partagé avec Sungrazer (2013), le combo néerlandais The Machine continue de diffuser ses œuvres par le biais du label Elektrohasch, avec ce tout nouveau, tout beau « Offblast!«
Sur Music In Belgium, on commence à bien connaître ce groupe puisque le label Elektrohasch – qu’il en soit remercié – a toujours pris soin de nous envoyer les productions de The Machine, ce qui est une œuvre de salut public puisque ce trio batave ne fait que s’améliorer avec le temps.
La preuve avec ce « Offblast! » qui voit David Eering (chant et guitare), Hans van Heemst (basse) et Davy Boogaard (batterie) plus cohérents et puissants que jamais. Le trio compose de la musique depuis maintenant presqu’une dizaine d’années et l’unité et la pertinence des titres se font de plus prégnantes à mesure que l’on découvre l’œuvre de The Machine. L’album est produit, mixé et mastérisé par David Eering, qui est également responsable de toutes les paroles des chansons. La pochette du CD ne dit pas s’il sert aussi le café dans le studio et s’il passe un coup de balai en partant. Mais pour ce qui est de la musique, les types de The Machine sont passés ici dans une dimension supérieure.
Le groupe se lâche, en effet, sur six titres aux durées variables allant de trois à seize minutes. Ce sont d’ailleurs les seize minutes de l’incroyable « Chrysalis (jam) » qui démarrent le voyage. Et là, c’est déjà l’extase, avec une introduction percutante de batterie relayée par une guitare fuzz qui balance des effets hendrixiens à n’en plus finir. Le truc monte sans arrêt en puissance, on attend une délivrance électrique totale, les amplis fléchissent sous les ondes sismiques, la tension est à son maximum, on s’est déjà mangé sept minutes d’avalanche électrique suprême, jusqu’à un brutal changement de ton, qui fait basculer le morceau dans la douce tranquillité de l’espace. Le thème de guitare monte peu à peu jusqu’à une nouvelle éruption solaire qui fait gicler des myriades de notes de partout. Eh, les mecs, il y a des guitaristes de rock au 21e siècle qui savent encore aligner plus de trois accords sur cette terre, c’est rassurant.
Après ce premier assaut plus qu’impressionnant, les gens de The Machine vont gérer le choc primal avec intelligence et équilibre. Un petit « Dry end » de trois minutes qui ne paie pas de mine vient distiller des gros effets fuzz piqués à Brant Bjork, puis c’est « Coda sun » qui vient vrombir dans nos oreilles avec un son sec de batterie et des sinuosités orientales de la guitare, révélant encore l’incroyable maîtrise de David Eering sur le manche. « Gamma » maintient les boutons bloqués sur 11 et occasionne de nouvelles envolées de guitare tout simplement somptueuses. Mais la palme revient à « Off course », aux ambiances très kyussiennes mais faisant surgir le solo de guitare de David Eering qui va lui valoir sa place au panthéon des grands bretteurs. Il a enregistré deux prises différentes et les a mixées en un duel de guitares qui se déverse sur une ligne rythmique tendue et nerveuse. Il va falloir se remonter la mâchoire inférieure au cric car la bouche de l’auditeur reste obstinément ouverte d’admiration après un tel tour de force.
Mais ce n’est pas fini, on part pour le dernier tour de piste cosmique avec les douze minutes du final « Come to light », qui calme un peu les propos avec une interaction guitare-basse-batterie portée sur une improvisation plus cool que sur les précédents titres, bien que les musiciens de The Machine tombent immanquablement dans la puissance sonore sur la fin, pour quatre dernières minutes lumineuses d’électricité indomptée.
Ici, les gens de The Machine sont arrivés à la maîtrise complète de leur art, ils sont moins marqués par leurs influences Kyuss ou Hendrix et se hissent aux échelons supérieurs de la scène stoner européenne. Il n’y a plus qu’à espérer une prochaine visite sur scène de ces Hollandais volants (au prochain Desert Fest, pourquoi pas?) pour être totalement ravi.
Pays: NL
Elektrohasch 170
Sortie: 2015/08/07