SLASH featuring MYLES KENNEDY & THE CONSPIRATORS – Live at the Roxy (DVD)
La maison Eagle Vision a récemment lancé une petite offensive de charme avec quelques DVD de concerts tout à fait intéressants. Après les Rolling Stones et les Who, voici quelque chose de plus moderne mais de néanmoins solide avec un show de Slash au célèbre club du Roxy à Hollywood.
A l’occasion de la sortie de son nouvel album avec Myles Kennedy & The Conspirators, « World on fire », Slash a convoqué quelques caméras au Roxy pour ce show de lancement de la tournée de promotion de l’album. Les choses se passent le 25 septembre 2014, en comité restreint et ce concert très bien filmé va nous réserver quelques surprises.
On ne va pas vous faire l’injure de vous présenter Slash dans le détail. L’ex-guitariste des Guns ‘n’ Roses est un des meilleurs guitaristes du monde et tout le monde connaît sa célèbre silhouette chevelue surmontée de son éternel haut-de-forme en cuir. Egalement ex-guitariste de Velvet Revolver (avec l’autre ex-Guns Duff McKagan et l’ex-Stone Temple Pilots Scott Weyland), Slash se consacre maintenant à une carrière solo qui a récemment croisé la route de Myles Kennedy, le chanteur d’Alter Bridge. Il y a dix ans, personne ne connaissait ce groupe mais aujourd’hui, il est la coqueluche des amateurs de hard rock mélodique. La rencontre de Slash et de Kennedy remonte au premier album solo de Slash, un « Slash » de 2010 où Slash invitait un chanteur par morceau. Parmi Iggy Pop, Ian Astbury, Lemmy Kilmister, Dave Grohl ou Ozzy Osbourne, il y avait Myles Kennedy qui co-écrivait deux titres (« Back from Cali » et « Starlight »). L’idée d’une collaboration plus poussée a donné naissance au projet Slash featuring Myles Kennedy & The Conspirators, qui a signé en 2014 son deuxième album. Lesdits conspirateurs sont le bassiste Todd Kerns et le batteur Ben Fitz, de beaux gosses dont le maquillage et les longs cheveux teints en noir dissimulent néanmoins 45 années de vie terrestre au compteur, tout comme Myles Kennedy, d’ailleurs. Quant à Slash, il fera péter les 50 piges le 23 juillet prochain. C’est fou comme les rockers de maintenant caracolent tranquillement vers le demi-siècle sans avoir le moins du monde l’idée de mourir pour la cause. Il faudra bientôt remplacer le fameux club des rockers morts à 27 ans par celui des clamsés à 53 ans ou mieux, par ceux canés à 74 ans. N’oublions pas non plus dans la bande le guitariste rythmique Frank Sidoris, qui accompagne les conspirateurs en concert.
Mais ces petits vieux en devenir ont encore de la testostérone dans l’organisme puisque leur show du Roxy va développer de l’exploit à tous les étages. Bien sûr, qui dit Slash dit Guns ‘n’ Roses et Velvet Revolver et le show sera abondamment pourvu en titres de la bande à Axl Rose (et un peu moins de la bande à Scott Weiland, influence historique oblige). Le spectre des Guns ne va pas tarder à se manifester puisque « Nightrain » est déjà à pied d’œuvre dès le deuxième morceau. Il faudra vite compter aussi avec « You could be mine » et surtout – surtout – une hallucinante version de « Rocket queen », qui occasionne un solo de guitare dantesque de Slash. Ce dernier s’éternise sur un solo princier, qui laisse le temps à Myles Kennedy de retourner dans sa loge prendre une douche, faire une belote avec les roadies en coulisses, de se taper une ou deux groupies ukrainiennes à la sortie du club et de relire Dostoievsky avant de retourner sur scène finir la partie chantée du morceau.
Le milieu du concert laisse davantage place à des titres des deux albums « Apocalyptic love » (2012) et « World on fire » (2014), composés par Slash et Myles Kennedy. C’est ainsi que l’on peut saisir l’intensité dramatique de morceaux comme « Starlight », de se faire repasser la tronche par les riffs imparables de « You’re a lie » ou de partir dans un grand huit électrique avec « World on fire ». Les caméras se braquent souvent sur le fabuleux jeu de guitare de Slash, et les gros plans sur ses doigts permettront à la nouvelle génération des apprentis guitaristes d’assimiler ce qu’est un solo hard rock couillu et décomplexé. Ils pourront ainsi abandonner les solos à deux notes du metalcore ou autre ânerie contemporaine qui émasculent peu à peu le vrai rock ‘n’ roll.
Mais le meilleur reste à venir, avec le formidable solo de Slash sur une Guild noire double manche, au cours d’un morceau intitulé « Anastasia ». Grand « Anastasia », sans doute le meilleur morceau du premier album de Slash et de ses conspirateurs. C’est alors que nous approchons de la fin du concert et que les dernières forces telluriques ont se déchaîner. « Sweet child o’ mine », héritage des Guns, place la première flèche en plein centre de la cible. Puis, après un « Slither » en provenance de Velvet Revolver, la bande à Slash déroule le tapis rouge sur un « Paradise city » impérial, bien entendu extrait du fabuleux « Appetite for destruction » des Guns ‘n’ Roses. Le Roxy se laisse alors aller sans vergogne vers le culte du hard rock glam prétentieux et arrogant qui sauva les années 80 in extremis, un beau jour de juillet 1987.
Aïe! Le concert est déjà terminé mais heureusement, il y a les bonus! On peut donc rempiler pour trois morceaux de « World on fire » (« Stone blind », « Wicked stone » et « 30 years to life ») ainsi qu’un autre morceau des Guns ‘n’ Roses (l’impeccable « You’re crazy », chanté par le bassiste Todd Kerns, qui se révèle plus convaincant que Kennedy sur les reprises des Guns). Il est vrai que le chant nasillard de Myles Kennedy laisse peu de place au compromis. On aime ou on déteste, il n’y a pas trop le choix. Etant généralement bon public sur les chanteurs, je peux m’accommoder de ce genre de voix mais je sais que ce n’est pas du goût de tout le monde. N’est pas Mike Patton qui veut.
On aura donc compris que ce live est une petite merveille, d’autant plus que le montage axé sur des plans courts met bien en évidence la dynamique du concert. Frissons garantis, décibels assurés et encore et toujours la personnalité attachante et le talent cosmique de Slash.
Pays: US
Eagle Vision
Sortie: 2015/06/15