BALTHAZAR – Thin walls
Pour résumer très grossièrement, la Belgique dispose en matière de pop rock de deux espoirs devenant peu à peu des pointures : Girls In Hawaii pour les francophones et Balthazar pour les Flamands. C’est de ce dernier dont nous allons parler à l’occasion de la sortie de son troisième album « Thin walls ».
Formé à Courtrai en 2004, Balthazar a commencé à sortir des disques à partir de 2010. « Applause » d’abord, puis « Rats » en 2012. Rapidement, la réputation du groupe va grandissante et Maarten Devoldere (chant, piano), Patricia Vanneste (chant, violon), Jinte Deprez (chant, guitare), Simon Casier (basse) et Christophe Claeys (batterie) ont eu vite fait de conquérir la Belgique avec leur pop contemplative et brumeuse, perchée dans les hautes sphères et suintante de subtilité onirique et nostalgique. Aujourd’hui, le succès est au rendez-vous et Balthazar conforte sa position avec ce troisième opus.
Les conditions d’écriture de ce nouvel album sont nées des difficiles conditions de la tournée soutenant la parution de « Rats ». En 2012-2013, la bande de Maarten Devoldere et Jinte Deprez a tourné de façon maladive à travers l’Europe, ne trouvant le temps d’écrire qu’entre deux haltes sur la route le menant d’une ville à l’autre, dans les toilettes des loges ou sous la table après des after-shows bien arrosés. La tension existant au sein du groupe a eu pour conséquence de rapprocher les deux fondateurs Jinte Deprez et Maarten Devoldere qui agissent maintenant comme une paire unifiée et instinctive. Cela a eu également pour conséquence le départ du batteur Christophe Claeys, remplacé ici par Michiel Balcaen.
Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui surprend en fait ici, c’est que cette tension endurée par Balthazar a finalement abouti à un disque non pas nerveux et râleur, comme on aurait pu s’y attendre de la part de gens en ayant chié sur les routes, mais à des ambiances résolument calmes et lentes, ce qui rejoint la marque de fabrique de ce groupe au rock indé flottant et acidulé, mignon et rêveur. Les chansons se succèdent au long d’une route balisée par des mid-tempos sommeillant, parlant essentiellement de la route, du cheminement incertain, des allers et retours, de la fuite, des interrogations sentimentales, bref une ambiance lourdement plombée par le doute. On sent que la trentaine approche…
Ce chemin incertain, on le ressent lorsqu’on pénètre dans le disque. Il est illustré par la musique d’où ne se dégage finalement que peu de points de repère. Que l’on soit dans « Decency », « Nightclub » « Bunker », « Dirty love » ou « So easy », ce sont toujours les rythmes lents et les voix traînantes, les chœurs diaphanes qui règnent. Mais il se dégage de cet ensemble une âme forte, un souffle doux mais constant, qui contribue finalement à la grande cohérence de cet album. Ce disque gagne en fait à être découvert sur le long terme, écoute après écoute.
Donc, ne voyez pas ici un joli feu de paille pop qui vous soulèvera du premier coup pour vous laisser retomber comme un soufflet. « Thin walls » est au contraire une braise lente, cachée sous la cendre, un truc qui tient la route. L’album de la maturité, en quelque sorte.
Pays: BE
PIAS
Sortie: 2015/03/30