UNDOBAR – Dark and rusty
En France, il y a Cannes et son festival mais il y a aussi Caen. Et à Caen, il n’y a pas que les tripes, il y a aussi Undobar, un duo folk-blues qui vient de sortir son premier album. Alors, comme les tripes à la mode de Caen, ce n’est pas très ragoutant et que le festival de Cannes, c’est plutôt chiant, on va s’intéresser à ces braves gens.
Undobar est composé de Frédéric Foucher (chant et guitare) et de Benjamin Danios (chant, guitare, percussions, harmonica). Musicalement, ces deux garçons confondent volontiers le cours de l’Orne avec celui du Mississippi et les pâturages à vaches avec les champs de coton. Mais ils ajoutent également à leur blues rugueux une approche folkisante qui n’a rien de campagnarde mais qui sent plutôt la route 66 et le croisement des guitares acoustiques avec de solides rythmiques héritées du stoner rock.
Armé d’un tel arsenal, Undobar peut partir confiant sur les routes sans craindre de passer pour une paire de gentils bardes niais. Car une fois qu’ils décrochent les guitares et décochent les riffs caillouteux, on sent sans ambigüité qu’on a affaire à des petits maîtres du genre.
Je ne sais pas si c’est la crise économique, la lassitude après six décennies de règne de Johnny Hallyday ou la découverte enfin reconnue de vieux costauds comme Little Bob ou Paul Personne, mais le paysage rock français s’est enfin doté d’une crédibilité blues. Et ces petits finauds d’Undobar arrivent à point nommé pour redorer le blason d’un blues tricolore jusqu’à présent trop discret, en y ajoutant, luxe suprême, de nouvelles idées et de nouvelles sensations bricolées sur des effets simples et renforcées par une sincérité à toute épreuve.
Des glissandos de slide de « Billion of days » jusqu’aux questionnements attristés de « Fuck », Undobar nous présente huit facettes de son talent viril et de son répertoire granitique. L’harmonica envoûte sur « Wait », une lourde électricité poisseuse règne sur « Where art thou? », une guitare sèche vient piquer des idées aux Queens Of The Stone Age sur « A ghost in the channel ». Tout dans cet album sent bon le désert de l’Arizona, le caoutchouc brûlé des roues de camions traversant le Texas ou l’odeur pincée du whisky frelaté s’échappant des distilleries clandestines du Tennessee. Sauf qu’on est paumé quelque part entre Saint-Hilaire du Harcouët et Grand-Quevilly, au pays de François Hollande et de Patrick Bruel. C’en est d’autant plus magique.
Pays: FR
LTBF Records
Sortie: 2015/04/10