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TESSERACT – Odyssey/Scala

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Je ne vois pas trop comment mon collègue Michel Serry a pu comparer TesseracT à Meshuggah lors de ses chroniques consacrées à « One«  et « Altered state« , les deux premiers albums de TesseracT. Il a sans doute vu des choses que je n’ai pas vues car, à mon humble et inculte avis, autant Meshuggah déchire sa race avec un métal rageur et technique, autant les Anglais de TesseracT dispensent un gentil métal progressif, bien comme il faut et propre sur lui.

C’est un peu le sentiment que j’ai eu en me retrouvant devant le nouvel album live de TesseracT, groupe que je ne connaissais que de nom. Le point commun entre ces deux groupes est sans doute une technique extrêmement poussée, d’où la possibilité de classer TesseracT et Meshuggah dans le genre djent, une des nombreuses sous-classifications alambiquées du métal progressif.

Mais oublions ces petits classements d’entomologistes métallurgiques et revenons sur ce nouvel album de TesseracT, qui a choisi la voix du live pour s’exprimer. Le groupe de Milton Keynes vient de voir revenir en ses rangs son chanteur Daniel Tompkins, qui n’était pas le premier du groupe (formé en 2003 par le guitariste Alec Kahney) mais qui a laissé sa marque sur le premier album du groupe en 2011. C’est sans doute pour cette raison que l’on entend sur ce live peu de titres du deuxième album où officiait son remplaçant Ashe O’Hara.

Le répertoire du groupe s’articule en effet sur la longue suite « Concealing fate », articulée en six épisodes (dont le premier se retrouve curieusement en dernière position sur le CD) et qui figure sur le premier album. L’album « Altered state » est quant à lui représenté par les trois chapitres de la suite « Of matter ». Ceux qui se demandent pourquoi la première partie de « Concealing fate » se retrouve à la fin du disque peuvent sans doute imaginer que c’est parce que TesseracT a préféré en faire le final de son concert. Mais quand on sait que ce live « Odyssey/Scala » est une compilation de titres enregistrés dans différentes salles de concerts européennes au cours de la tournée « Altered state » de l’automne 2014, remettre les titres dans l’ordre des albums originaux aurait peut-être été judicieux.

Compiler sur un album live des titres joués en différents endroits à différents moments est un exercice délicat, qui comporte un risque (dans lequel TesseracT est allé s’écraser directement en beauté) : l’hétérogénéité des ambiances dans la foule et surtout la différence entre les sonorités des salles. On passe ici d’atmosphères imposantes à de petites ambiances intimes, ce qui casse quelque peu l’harmonie de ce qui est censé représenter un album live qui, je le rappelle, sert à faire imaginer à ceux qui n’y était pas ce qui s’est passé lors d’un concert. De ce fait, le mixage de la rythmique semble approximatif sur certains titres alors qu’il est monumental sur d’autres.

Cela ne gêne cependant pas l’écoute, qui est confortable pour ceux qui aiment TesseracT mais qui doit se révéler plus pénible pour ceux qui aiment moins. Personnellement, je vois dans ce groupe un croisement entre Porcupine Tree, un peu de Dream Theater, Oceansize et une emphase lyrique pleurnicharde et grandiloquente qui n’est pas sans rappeler Muse. Et pour le fin fond de la musique, je rejoindrai Michel lorsqu’il dit que ce qui le gêne dans TesseracT est l’absence de morceaux sortant du lot, de mélodies facilement mémorisables et de riffs accrocheurs. Au bout du onzième morceau, on ne sait plus très bien si on en est toujours au premier ou si on est passé par le septième.

Et il faut se souvenir, pour terminer, que TesseracT est un groupe de métal… progressif. Ce mot coupe donc court à tout débat puisque le progressif suscite à part égale admiration indiscutée et railleries méprisantes. Bref, les amateurs de prog aimeront un groupe comme TesseracT et ceux qui n’aiment pas écouteront autre chose.

Pays: GB
Century Media
Sortie: 2015/05/18

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