INFERNAL WAR – Axiom
Le gang Black/Death polonais Infernal War nous posait un cas de conscience : devions-nous l’encenser par ce que nous apprécions sa musique ou, au contraire, l’ignorer parce qu’un doute semblait planer sur le fait qu’il véhicule (ou pas) de nauséabondes idées d’extrême droite ? Bien que les communiqués postés par groupe et son label Agonia Records affirmaient que cette controverse n’avait pas lieu d’être et que l’intérêt du groupe pour tout ce qui concerne la seconde guerre mondiale était purement historique, il nous était difficile de passer sur le fait qu’avant d’opter pour le nom ‘Infernal War’ en 1997, le groupe avait évolué un temps sous le patronyme sans équivoque d’Infernal SS et que les pseudos de certains de ses membres comme ‘Zyklon’ et ‘Warcrimer’ étaient d’un goût plus que douteux.
Par souci d’équité nous nous sommes donc fait violence et avons parcouru quelques uns des textes du groupe. Nous n’y avons pas observé de franche apologie de la haine raciale, ni même de message ouvertement politique. Tout au plus une virulente aversion pour la chrétienté et une sérieuse tendance à faire de la misanthropie et du nihilisme un art de vivre au quotidien. Tout en gardant à l’esprit que nous n’avions pas en notre possession toutes les informations permettant de nous faire une opinion ferme et définitive (NDR : tous les lyrics du groupe ne sont pas en ligne) nous nous sommes rangé à l’idée qu’Infernal War admirait bien plus le Grand Cornu que le Petit Moustachu, et ce, dans la plus pure tradition du Grand-Guignol Black Métallique. C’est donc un peu plus serein que nous avons abordé cette jouissive déflagration sonore.
Le feuillet promotionnel fourni par Agonia Records assigne la musique d’Infernal War aux fans d’Angelcorpse, Marduk, 1349 et aux inconditionnels des antiques albums de Morbid Angel ; nous n’aurions pas pu trouver meilleures comparaisons. « Axiom » est un album d’une violence inouïe. Un enfer de blast-beats y est déchainé dès les premières secondes de « Coronation ». Il ne s’interrompt qu’une quarantaine de minutes plus tard, lorsque meurent les dernières notes de la plage éponyme finale. La rage et la vitesse d’exécution sont incontestablement les deux fils conducteurs des compositions. Hormis quelques solos de guitare acérés et quelques rares et très courts ralentissements de tempo, rien ne vient contredire cet axiome. L’album, pourtant, est loin d’être linéaire. Chaque titre se distingue du précédent et l’on ne subit jamais l’impression de redite qui est souvent le point faible de ce genre d’opus. La voix, haineuse – mais pas criarde nous offre même quelques refrains mémorables. Ajoutons pour terminer que le son, qui est exceptionnellement puissant et limpide pour une musique déclinée avec une telle vélocité, rend parfaitement justice à chaque instrument.
Avec « Axiom », Infernal War démontre qu’un album (très) extrême et sans compromis ne doit pas obligatoirement être rébarbatif. Une vraie réussite !
L’album (42’46) :
- Coronation (4’41)
- Militant Hate Church (3’16)
- Into Dead Soil (4’00)
- Paradygmat (3’14)
- Nihil Prayer (4’16)
- The Parallel Darkness (3’14)
- Transfigure (3’28)
- Eater Of Hope (3’39)
- Camp (4’00)
- No Forgiveness (3’29)
- Axiom (5’29)
Le groupe :
- Stormblast : Batterie
- Triumphator : Guitares
- Zyklon : Guitares
- Godcrusher : Basse
- Herr Warcrimer : Chant
Pays: PL
Agonia Records ARCD137
Sortie: 2015/04/17