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HOBOKEN DIVISION – Arts & crafts

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En France, il n’y a pas de champs de coton mais il y a des usines sidérurgiques. Enfin, il y avait… La présence d’un terreau industriel est toujours propice à l’émergence des franges les plus dures du blues et du rock ‘n’ roll. On l’a vu à Detroit, Chicago ou Birmingham et il n’y avait pas de raisons que la France n’accouchât un jour de quelques combos radicaux en matière de blues rock. Il y eut les Stocks à Lille ou Little Bob Story à Rouen, il faudra peut-être aussi compter, on l’espère, avec Hoboken Division.

Ce duo originaire de Nancy a déjà été évoqué dans Music In Belgium, à l’occasion de la sortie de son premier single, « A night out/Devil got my woman ». C’était il y a un peu plus d’un an et un premier album était promis pour la fin 2014. Enfin, avec quelques mois de retard, voici enfin l’objet attendu. Et l’attente valait la peine car « Arts & crafts » est tout simplement formidable en matière de crudité blues récupérée au fond du creuset original, le tout associé à des ambiances garage rock d’une rudesse salvatrice.

Marie Rieffly (chant et harmonica) et Mathieu Cazanave (guitare, piano, programmation rythmique) ne sont que deux mais font du boucan comme quatre. Ils dispensent ici une leçon de blues rock crasseux et poussiéreux dont feraient bien de s’inspirer certains groupes qui se revendiquent blues mais ne font bien souvent que de la sérénade cotonnière ou de la lamentation d’occase. Ici, ça sent le whisky de contrebande, la poussière des usines désaffectées, la sueur rance coulant sur les bleus de chauffe et la rébellion résignée des laissés pour compte. On s’agrippe à de l’électricité brûlante (« Shoot that chicken », « The mighty mistress », « Run ») ou on se laisse aller au vague à l’âme tel un vieux rafiot descendant mollement le Mississippi (« Everything’s fine », « The blue devils »).

Mathieu Cazanave extrait des sonorités boueuses de ses six-cordes et rappelle aussi bien Leslie West dans la lourdeur que John Lee Hooker dans les plaintes méditatives. Là-dessus, Marie Rieffly vient placer des vocalises écorchées, râlant des histoires d’amour en perdition, feulant des hymnes aux démons des plantations ou brillant dans le culte des anciens (la reprise du « Shake ‘em on down » de R.L. Burnside).

Quelques complices sont venus aider à l’accomplissement du forfait, comme Antoine Arlot (saxophone) sur « Desertion », Nicolas Cazanave (accordéon) sur « Everything’s fine », Lo Spider (percussions) sur « The coffee song », « Run » et « Shoot that chicken » et Laurent Lepagneau (rythmique) sur « Sugardaddy ». L’album a été enregistré à Toulouse mais la Belgique a son mot à dire dans l’affaire puisque la mastérisation a été faite par Jean-François Hustin à Liège. On espère que, de ce fait, Hoboken Division ne nous oubliera pas dans ses plans de tournée car, vraiment, si leur jeu de scène se rapporte à leur album, ils sont les phénix du blues rock actuel.

Pays: FR
La Face Cachée
Sortie: 2015/05/09

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