CD/DVDChroniques

TANGLED THOUGHTS OF LEAVING – Yield to Despair

Notre évaluation
L'évaluation des lecteurs
[Total: 0 Moyenne: 0]

Après Solkyri, on continue notre petit tour dans l’expérimentation sonore made in Australie, avec ce groupe originaire de Perth toujours au pays des kangourous. Notons que si de nombreux parallèles sont perceptibles avec leurs compères australiens, il n’empêche que la démarche musicale va manifestement plus loin dans l’expérimental. A part quelques relents de post-rock, on se situe plus dans une musique avant-gardiste où, s’entremêlent doom, fusion, noise et piano-ambient. Remarque pertinente à l’image de l’épique « Downbeat » de plus de 15 minutes, qui résume à lui-seul l’univers musicale de nos amis.

Le groupe a lui-aussi participé au Dunk Festival de Zottegem, et ce, en 2013 avec Russian Circles et Deafheaven. Les musiciens remettent le couvert cette année avec bien sûr le groupe Solkyri, qu’ils suivront lors de la tournée européenne. TTOL (en abrégé) vient de participer à l’Adélaïde Festival en compagnie de 65Daysofstatic avec lequel, il tourne sur le mois de mars de cette année. Du pain donc sur la planche avec pas moins de 11 dates en Europe à partir du mois de mai où, ils distilleront leur étrange musique en compagnie de leurs amis de Solkyri.

Vous êtes donc prévenu, attachez vos ceintures, car cela va certainement décoiffer dans les chaumières ! Parlons tout d’abord de « The Albanian Sleepover » décomposé en deux morceaux, avec un démarrage doom où les guitares et les bruitages grésillent un max. Voilà peut-être une éventuelle ouverture vers la lumière qui arrive, un éclaircissement qui se veut minimaliste et qui permet d’entrevoir des sons quelque peu plus amicaux. Mais cette fenêtre sur le dehors, reste malgré tout infime et, la douleur persiste au sein de nos tripes. Il y a bien cette guitare aérienne, qui apaise nos souffrances puis, la section rythmique devient aussi plus perceptible. Un break engendre un moment d’apaisement, et ce, toujours dans une ambiance sobre et lourde pour ouvrir sur un post-rock plutôt lent. Ajoutons encore que le piano sert ici le fond sonore. Premier jalon qui continue encore de longues minutes, puis tout s’accélère vers un rock saccadé et bruyant. Accélération où, le piano supporte toujours le fond de l’abîme, au sein de cette cacophonie rock’n’roll !

La seconde partie qui semble plus soft, permet à la guitare et au piano de nous offrir un rock relativement plus conventionnel. Au fil du temps, les deux instruments prennent plus en finesse jusqu’au moment de pur calme où, le piano se fait plus classique. On entend au loin des soundscapes légers, qui aide le piano à s’éteindre tout doucement. Guitares et bruitages maintiennent la tension pendant de longues minutes, avant le retour d’un post-rock noirâtre proche de l’esprit du Batcave et de l’univers de la Cold-wave. « Shaking Off Futility » est une ballade rock, qui intervient tel un cataplasme sur nos récentes blessures, engendrées par tout ce déluge de pessimisme et de lourdeur. Attention point d’enthousiasme débordant ici, mais plutôt l’utilisation d’un tempo plus calme, qui maintient le côté pesant de cette étrange musique.

« Downbeat » longue pièce de plus de 15 minutes, démarre sur des bruitages et des percussions saccadées. S’ensuit un mélange hétéroclite des genres où, noise, doom, fusion et piano d’ambiance s’additionnent. On reste toujours dans la noirceur avec ce petit côté Bauhaus ou Joy Division, pour une musique oppressante de l’esprit qui nous tiraille les tripes. « Yield to Despair » clôture cet album avec tout d’abord un piano classique, qui ouvre sur un fond sonore lugubre. Le piano cherche ses gammes en accélérant le tempo, suivi par la batterie et les percussions. Les cuivres et la grosse-caisse se font lourds et cassants. Enfin la guitare arrive et arrache tout sur son passage, engendrant une véritable descente aux enfers. Une dernière fois, c’est le retour de ce post-rock pesant et destructeur, qui nous taraude la tête. Le final laisse entrevoir le retour du piano, afin d’apaiser à nouveaux nos blessures.

Démarche musicale aux antipodes des courants commerciaux et si celle-ci traine parfois en longueur, elle s’engouffre facilement dans notre tête et dans nos tripes, en y laissant des marques indélébiles. Personne ne sort indemne suite à l’écoute de ce cuisant post-rock, nous enveloppant de son grand manteau noir. Les chercheurs d’outre-tombe seront à la fête, mais attention aux âmes sensibles qui risquent de s’y brûler les ailes. A ne pas mettre à la portée de tout le monde !

Pays: AU
Bird’s Robe Records BRR051
Sortie: 2015/04/17

Laisser un commentaire

Music In Belgium