SUNWASHED AVENUES (The) – Lama king
Ne vous fiez pas au nom : The Sunwashed Avenues ne sont pas un gentil groupe psychédélique fleuri californien, ils viennent de Winterthur en Suisse et pratiquent un post-hardcore rugueux et épileptique. Et ne vous fiez pas non plus à la pochette de leur album : les Sunwashed Avenues ne sont pas maraîchers mais feraient plutôt dans le trafic d’explosifs.
L’aventure commence en 2004 autour de Francesco Romano (guitare) et du chanteur John Lihai. Le groupe évolue d’abord en duo et aborde l’activité musicale comme un hobby. Puis les choses se structurent en 2007 lorsque The Sunwashed Avenues intègre d’autres musiciens (dont Sirio Forabosco à la batterie) et élabore ses propres titres. Le style se situe entre le punk hardcore, le métal, l’alternatif ou le post rock et le progressif à tendance épique.
Le groupe sort un premier EP éponyme en 2009, suivi de l’album « Cult of the black sun » fin 2010. Dès le départ, The Sunwashed Avenues ont une empreinte bien identifiée. Leur musique est hargneuse, sans concessions et bien technique, surtout au niveau de la rythmique. Quelques temps après ce premier album, le chanteur John Lihai doit quitter le groupe pour raisons familiales. Son remplaçant s’appelle Ivo Petrzilek et il est rejoint par le bassiste Urs Gut en 2012.
Sur cette base, The Unswashed Avenues sort un deuxième EP en 2012, le monstrueux « Blue dolphin », aux titres plus courts et plus directs. Ce disque ouvre la voie au nouvel album « Lama king » qui associe rapidité de l’éclair et complexité rageuse, comme un croisement entre Dillinger Escape Plan, Mastodon et Alice In Chains.
Autrement dit, l’album sert des louches d’acier trempé et s’avère colérique à souhait. On remarque le jeu de batterie colossal de Sirio Forabosco, un costaud en matière de démolition de fûts. The Sunwashed Avenues distille une atmosphère oppressante et pratique avec aisance les changements brusques de rythmes et d’ambiances. Capables de la rage la plus sévère (« Holidays ») comme de compositions plus complexes et angoissantes (« Haar », « Matterhorn »), ces Suisses contribuent encore une fois à faire de leur pays une destination de choix en matière de musique expérimentale et extrême.
L’album est disponible en version digitale depuis le début avril et une version vinyle menacera la stabilité géopolitique du monde connu à partir de la fin juin. Point de vue concerts, le groupe n’a apparemment pas quitté la Suisse, ce qui est dommage pour les autres pays. Dans un petit festival hardcore européen, ces garçons auraient tout le potentiel nécessaire pour répandre la terreur. Mais il est difficile pour un groupe non-signé de se faire connaître sur une base large. Une maison de disques, grande ou petite, aurait tout intérêt à mettre la main sur ce genre de talents. A défaut de quoi, on frise le scandale.
Pays: CH
Autoproduction
Sortie: 2015/04/04