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ROGERS, Anthony W. – Wrong (LP)

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A notre époque de vitesse, d’ultra-connexion, de médias sociaux à tous les étages et de déshumanisation cybernétique, il reste quelques farfelus qui ont oublié de suivre le mouvement, de s’engluer dans le 21e siècle et de recourir à l’informatique pour écrire de la musique. C’est le cas d’Anthony W. Rogers, un type du Maryland dont on sait peu de choses, sauf qu’il est un vétéran de la scène locale et qu’il a réalisé un premier album solo il y a plus de vingt ans, « Identification » (1994).

A part cela, on ne sait pas comment fait le bonhomme pour subsister. Peut-être vit-il de la chasse au ragondin, donne-t-il des cours de couture à domicile ou répare-t-il des motoculteurs, on ne sait pas. Revendeur d’encens en gros? Coiffeur pour chihuahuas? Fabricant d’abat-jours en toile de jute? C’est encore possible.

En tous cas, Anthony W. Rogers semble venir d’une autre époque, avec son psychédélisme oscillant entre pop et rock, comme on le faisait à la fin de l’âge d’or de l’acid-rock, entre 1971 et 1974. La musique de « Wrong », nouvel album de Rogers, me fait effectivement penser à tous ces petits faiseurs qui sortaient des albums artisanaux bien après que les géants du rock psychédélique ont brillé de leurs derniers feux. Après les Grateful Dead, Jefferson Airplane, Doors ou Quicksilver Messenger Service, le mouvement psychédélique a encore émis de petits signes de vie autour de musiciens locaux et confidentiels comme Perry Leopold, Bobb Trimble, Peter Stark, D.R. Hooker, ou des groupes comme Top Drawer, Merry Airbrakes ou Grodeck Whipperjenny, il y en a des milliers dans le genre. On était entre 1972 et 1976. Après, tout s’est évaporé dans les limbes de l’oubli au profit du punk et du heavy metal naissant.

Et donc, en plein 21e siècle, Anthony W. Rogers ranime la flamme d’un psychédélisme vintage et bricolé, qui doit aussi beaucoup à des inspirateurs comme Brian Wilson des Beach Boys (époque « Smile ») ou Todd Rundgren. Son album « Wrong » a été enregistré entre 2011 et 2014, avec l’aide de Chris Biondo qui lui sert de producteur et ingénieur du son, Rogers s’occupant de toute l’instrumentation. Entre scintillements pop (« Compromised »), rock tranquille (« Blown away »), chatouillements funk (« Keep holding on »), langueurs psychédéliques brumeuses (« Crunch (Blues for Mitch) »), joyeusetés folkisantes (« (Please don’t) wait too long »), litanies rundgreniennes (« Here comes the fire ») ou douceur feutrée (« Wash »), Anthony W. Rogers nous emmène dans son monde un rien décalé et son univers gracile.

Et pour persister dans la vieille école, l’album « Wrong » est principalement disponible en format vinyle, bien que des possibilités de téléchargement existent. On est vraiment retournés en 73, là.

Pays: US
Wildflow Unlimited
Sortie: 2015/03/13

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