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BREAKING FUEL – More, more, more

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Alors, celui-là, c’est un cas. Mais je vous rassure tout de suite : Breaking Fuel est un cas parce que c’est un groupe dont on ne s’aperçoit du génie qu’avec un temps de retard. Mais il vaudrait mieux commencer par le commencement. Breaking Fuel est un groupe de Bordeaux composé de Maxime Barreau (chant), Jeremy Cohen (guitare et chant), Antoine Dochier (basse et chant), Vincent Dorchin (guitare et chant) et Maxime Barrière (batterie et chant).

Voici pour les présentations. Pour le reste, on sait peu de choses de ce groupe, qui a édité son premier album tout seul comme un grand, en réunissant une somme d’argent via le site de donations Indiegogo. Une chose mystérieuse est que cet album était déjà vanté par le site parisien Time Out en septembre 2014 alors que la page Facebook de Breaking Fuel annonçait l’imminence de la sortie de son album en décembre 2014. Ne cherchons pas à comprendre.

D’autant qu’on a d’autres motifs d’être étonné avec Breaking Fuel. Les types débarquent de nulle part avec un premier album OVNI, revendiquant des influences seventies en même temps qu’un culte pour des groupes comme At The Drive-In, The Mars Volta ou Infectious Grooves. Evidemment, avec une telle Weltanschauung, on peut s’attendre à ce que les gens de Breaking Fuel nous sortent quelques lapins magiques et farfelus de leur chapeau.

Et ça ne manque pas avec ce « More, more, more » qui peut générer beaucoup de choses, sauf l’indifférence. Ça commence pourtant bizarrement avec le premier titre « Burnice » (juste précédé par une courte introduction sonore et cosmique de quelques secondes), sorte de garage psyché à consonance reggae chanté dans un anglais franchouillard à mort et parlant de science-fiction à deux balles. On sent la partie engagée sur un terrain vaseux jusqu’à ce que Breaking Fuel renverse brillamment la situation avec le riff énorme, gigantesque de « Minesweeper », cascade névrotique qui aboutit sur une chevauchée hard rock alternée à des chœurs angéliques et crétins réglés sur du reggae. Là, on se dit que les types affichent juste une imbécilité de façade et que ce sont plutôt, au contraire, de sacrés malins.

Après un reggae rock décontracté du gland (« Lady »), Breaking Fuel repart de plus belle avec « Stoner », titre angoissé et répétitif qui ne fait que monter en puissance vers un paroxysme électrique finissant par exploser avant de se calmer brutalement sur de nouvelles sonorités reggae, dont on a compris qu’il joue un rôle important dans l’inspiration du groupe.

On en retrouve encore un peu sur l’ironique « Spycolors », morceau qui voit une intervention saxophoniste d’Adrian Terrazas-Gonzales, un musicien ayant aussi officié chez The Mars Volta ou El Regimen Music. « Chainsmoker » prend des allures plus funky mais garde toujours ce petit côté brindezingue avec des chœurs de castrats et des paroles beuglées comme des hymnes.

L’album se termine sur un boogie binaire faussement décontracté où des membres des groupes OPA et La Réplik (amis locaux de Breaking Fuel) viennent déverser des textes désabusés sur la fin du monde, toute proche d’après eux.

On se retrouve donc avec un album qui nous a conquis par la force des choses alors que rien sur le papier ne le donnait gagnant. Comme quoi ce n’est pas parce qu’on est petit et sans le sou que l’on n’a aucun avenir. Breaking Fuel est à surveiller du coin de l’œil au cas (fort souhaitable) où il survivrait et commettrait de nouveaux forfaits sonores.

Pays: FR
Birdie Films
Sortie: 2015

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