SIBUN, Innes – Blues transfusion
Tous ceux qui se sentent dépérir en cette fin d’hiver car ils n’ont plus assez de blues dans les veines peuvent se requinquer avec ce « Blues transfusion », dernier disque en date d’Innes Sibun, qui fait suite à son « Lost in the wilderness« , sorti fin 2013.
Innes Sibun, bluesman anglais ayant gagné ses galons chez des pontes du genre Robert Plant, usine depuis une vingtaine d’années un blues rock qui doit autant aux vieux renards du Mississippi qu’aux bardes celtiques qui s’agitent de part et d’autre de la mer d’Irlande. Son « Lost in the wilderness » avait bien fait plaisir aux oreilles et voici que ce « Blues transfusion » s’apprête à produire les mêmes effets.
Pour mettre au point cet album, Innes Sibun est allé prospecter assez loin puisqu’il réalise les deux tiers des morceaux en compagnie de musiciens bosniaques dans la ville de Mostar, dont la célébrité vient malheureusement de la sordide époque de la guerre en Yougoslavie au début des années 1990. Mais les oiseaux chantent à nouveau à Mostar et les musiciens s’y plaisent, si l’on en croit la bonne ambiance générée par les quelques morceaux qu’Innes Sibun enregistre en compagnie de Dzenan Mujic (batterie, Attila Aksoj (basse), Gabrijel Prusina (claviers), Orhan Oha Maslo (percussion) ou Antonija Batinic (chœurs). L’autre tiers des titres est mis sur bande à Holt, au Royaume-Uni, en compagnie du bassiste Charlie Jones (Page & Plant, Goldfrapp) et du batteur Clive Deamer (Robert Plant, Portishead, Radiohead).
La variété des endroits où cet album a été conçu a peut-être une influence sur la variété des ambiances qui peuplent « Blues transfusion ». Innes Sibun y convoque à la fois du boogie bien truculent (« Love light », « Find my way home », « I used to be your man ») ou des douceurs plus câlines (« I’ll take care of you », reprise de Gil Scott Heron, le magnifique slow blues « Blues for Sherman », l’acoustique larmoyant « Stari most »). On trouve aussi quelques réminiscences de J.J. Cale (« Old time used to be ») ou du Gary Moore époque blues (« Esma »). La guitare d’Innes Sibun sait être percutante (« One of these days ») et rappelle parfois Rory Gallagher. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le regretté Rory, autre grosse influence d’Innes Sibun, se voit honoré sur cet album par une reprise de son « I fall apart », morceau figurant à l’origine sur le premier album de Rory Gallagher en 1971. Innes Sibun complète la palette de ses talents avec un morceau plus funk pour la fin (« Give up the fight »).
« Blues transfusion » est donc un album agréable, à la spontanéité toutefois quelque peu ralentie par l’alternance systématique de morceaux forts et de titres plus calmes. On retrouve les influences Gallagher et Gary Moore, ce qui atténue un peu l’effet de surprise lorsque l’on connaît le précédent album. Mais dans l’ensemble il n’y a aucunement à se plaindre et on ne peut que recommander cet album qui allie force et finesse, instinct et réflexion.
Pays: GB
Blues Boulevard 250369
Sortie: 2015/04/10