AGONIST (The) – Eye of Providence
Formé à Montreal en 2004, The Agonist n’a pas tardé à se faire une petite réputation sur la scène métallique locale avant de gagner quelques parts de marché supplémentaires avec trois albums qui ont démontré que le combo formé par Danny Marino (guitare), Chris Kells (basse) et Alissa White-Gluz n’était pas une passade du moment.
Avec les albums « Once only imagined » (2007), « Lullabies for the dominant minds » (2009) et « Prisoners« (2012), The Agonist se plaçait assez avantageusement dans le peloton de tête d’une nouvelle génération métal canadienne, Danny Marino devant en quelque sorte servir de successeur à Frank Marino, légendaire pionnier du hard rock canadien des années 70.
Mais en 2014, le groupe doit affronter une crise d’importance avec le départ de sa chanteuse Alissa White-Gluz, partie remplacer Angela Gossow au micro d’Arch Enemy, les célèbres Teutons flingueurs qui partagent le même label Century Media avec The Agonist. Après avoir considéré un remplacement masculin, Danny Marino et Chris Kells conservent l’option féminine avec l’engagement de Vicky Psarakis, une youtubeuse choppée sur le Net pour ses reprises intéressantes d’Iron Maiden, Nevermore, Adèle ou Nightwish.
La jeune fille possède un potentiel vocal certain, au point d’avoir fait de « Eye of providence » l’album le plus convaincant à ce jour de la discographie de The Agonist. Le death mélodique et le metalcore du groupe prennent ici une nouvelle dimension, ce dont on ne peut que se féliciter. L’art toujours difficile du metalcore est abordé ici avec un certain savoir-faire, le groupe évitant toujours la vulgarité et compensant avantageusement la pleurniche mélodique par de furieux assauts de guitares et des solos savamment épiques.
La palette vocale de Vicky Psarakis est épatante. Sur des titres comme « I endeavour », « Perpetual notion » ou « Faceless messenger », elle passe d’un registre angélique à des déchirements de gorge typiquement black metal. Ses prouesses sont mises en valeur par les valeureuses guitares de Danny Marino et Pascal Jobin, et une section rythmique aussi puissante que technique, notamment grâce au boulot de colosse de Simon McKay.
De ce fait, les treize morceaux de l’album passent sans encombre dans les tympans et maintiennent l’auditeur en alerte du début à la fin, marquée par un long et assez progressif « As above, so below », totalement en contrepoint des morceaux précédents. Cet album « Eye of providence » marque un passage délicat mais réussi dans la carrière de The Agonist. Effectivement, par rapport au décevant « Prisoners », on sent davantage d’inspiration sur cette galette, sans doute par le sang neuf apporté au chant. Mais dire que The Agonist va se hisser au sommet du génie au cours des années à venir, il y un pari que nous ne prendrons pas. Qui vivra verra.
Pays: CA
Century Media
Sortie: 2015/02/23