HAWKWIND – Coded languages
La maison Atomhenge, filiale de Cherry Red Records, est entièrement axée sur la réédition des œuvres musicales d’Hawkwind et de ses musiciens. Vu la quantité impressionnante d’albums que les space-rockers anglais ont essaimé en 45 années d’activité, un label entier spécialisé sur la question n’est pas de trop. Et Atomhenge fait très bien son travail puisque les exhumations régulières d’albums officiels ou d’enregistrements live inédits sortent de ses ateliers à une cadence régulière.
Après les récents « Palace springs« et « The Flicknife years« , voici donc « Coded languages », un double CD d’Hawkwind qui comporte également le sous-titre « Live at Hammersmith Odeon, November 1982 ». Cet intitulé résume pour ainsi dire toute la question générée par ce nouveau disque : nous assistons ici à un concert de la bande à Dave Brock en Grande-Bretagne lors de l’automne 1982, c’est-à-dire en pleine promotion de l’album « Choose your masques« , sorti en octobre de cette même année.
A l’époque, Hawkwind opère avec cinq protagonistes qui participent à la tournée. Outre bien sûr, Dave Brock, fondateur, leader suprême et ordinateur central du combo, on trouve les spationautes Harvey Bainbridge (chant, basse et synthétiseurs), Huw Lloyd Langton (guitare lead et chant), Nik Turner (saxophone, flûte et chant) et Martin Griffin (batterie et percussions). Ajoutons-y Michael Moorcock, auteur de science-fiction et accessoirement parolier, gourou et vocaliste de passage lors des concerts.
La tournée de l’automne 1982 qui vise à promouvoir « Choose your masques » est une des plus fameuses de l’histoire d’Hawkwind, qui compte pourtant bien d’autres tournées historiques à son actif. On avait déjà des traces de cette tournée avec l’album « Zones » qui reprend des extraits d’un concert à Bristol fin octobre 1982. Les musiciens d’Hawkwind ont de bons souvenirs de cette tournée, qui a été jalonnée de nombreuses bonnes surprises et de moments de franche rigolade. Surtout, elle s’est déroulée en deux vagues (automne 1982, 29 dates, et hiver 1983, sept dates) qui sont repassées par les mêmes villes et parfois par les mêmes salles de concert, attirant toujours autant de monde, même lorsque les villes concernées n’étaient proches que de quelques kilomètres.
Quelques invités inattendus sont venus animer quelques dates de temps à autre, offrant la possibilité de shows différents les uns des autres. C’est ainsi que Robert Calvert, ex-pensionnaire d’Hawkwind entre 1976 et 1979, a rejoint le groupe lors du concert de Folkestone et que l’illusionniste Paul Zenon est venu faire des tours de magie à Preston, Hanley et Dunstable entre le groupe de première partie (les métallurgistes espagnols de Baron Rojo) et les shows d’Hawkwind. De plus, le décor de scène ambitieux représentant un poste de pilotage de vaisseau spatial environné d’une soixantaine d’écrans de télé contribuait à frapper l’inconscient collectif des spectateurs.
L’un des points d’orgue de cette tournée a consisté en deux concerts joués à l’Hammersmith Odeon de Londres. Sur le double CD, on retrouve un Hawkwind en grande forme, jouant pied au plancher de nombreux titres de « Choose your masques » (« Choose your masks », « Waiting for tomorrow », l’enchaînement « Utopia/Arrival in Utopia », « Solitary mind games » ou « Dream worker »), ainsi que de l’album précédent de 1981, « Sonic Attack » (« Coded languages », « Angels of death », « Sonic attack »). Nik Turner, membre historique viré à la fin des années 70 mais de retour dans le groupe en 1982, insuffle une folie saxophoniste irrépressible (ses frasques scéniques incontrôlables seront d’ailleurs à l’origine de sa deuxième éviction deux ans plus tard).
Les années 70 ne sont pas en reste puisque Hawkwind interprète des extraits de « Warrior on the edge of time » (1975), « Astounding sounds, amazing music« (1976), « Hall of the mountain grill » (1974) et bien sûr le classique « Doremo Fasol Latido » (1972), avec l’imparable « Brainstorm » qui termine le show. Le morceau de deux minutes vingt est une notion inconnue pour Hawkwind et on ne s’étonnera pas de naviguer dans des versions étendues et saturniennes des titres du groupe, qui flirte souvent avec la dizaine de minutes.
Les efforts de restauration du son de ce concert, resté enfermé des années dans des bobines magnétiques issues de la console d’enregistrement, sont remarquables et on profite aujourd’hui de deux heures de musique captivante, où apparaît tout le génie scénique d’Hawkwind et son sens de la mise en scène sonore. Trouver un âge d’or pour Hawkwind est toujours un exercice difficile, tant ce groupe a toujours été épatant dans son domaine et impossible à surclasser. Mais cette ère du début des années 80, comme l’époque des premiers classiques (1970-75) ou l’époque Robert Calvert (1976-79) est tout à fait intéressante à explorer. Et en la matière, ce « Coded languages » se pose en terrain de découverte passionnant.
Pays: GB
Atomhenge ATOMCD 21040
Sortie: 2015/01/26