YAGULL – Kai
De la musique de chambre post rock, ça vous dit? C’est le concept un peu étrange formulé par Yagull, un duo international composé de Sasha Markovic (guitare, basse, percussion) et Kana Kamitsubo (piano). Pour parfaire le côté mondialiste du duo, Yagull est basé à New York et emploie sur cet album des musiciens invités en provenance de huit pays différents.
Markovic et Kamitsubo en sont ici à leur deuxième album, un « Kai » qui fait suite à « Films », le premier album du duo sorti en 2012 et dont la tendresse sombre ou la mélancolie poétique avait séduit la critique. On est ici dans un folk que les Anglo-Saxons appellent chamber folk et dont le nom veut bien dire ce qu’il veut dire : édredon et guitare sèche, rêverie et piano délicat.
Sur « Kai », pas de surprise, on poursuit le même voyage. Sasha Markovic et sa comparse/épouse Kana Kamitsubo composent une dizaine de morceaux instrumentaux entièrement basés sur l’interaction piano-guitare acoustique. « Kai » est aussi le nom de leur enfant, ce qui fait de ce disque un mignon hommage au nouveau né. De nombreux invités viennent agrémenter les ambiances de percussions (Marko Djordjevic), de guitare classique (Beledo), de basse (Dewa Budjana qui, comme les deux précédents et Yagull, est pensionnaire du label Moonjune Records), de violon (Wen Chang), de clarinette (Gabriel Nat), d’harmonica (Jackson Kincheloe), de contrebasse (Yoshiki Yamada), de flute (Lori Reddy) et de guitare (Anthony Mullin).
Le rocker pur jus risque de s’ennuyer sur cet album, pourtant très beau et très gracile. Mais Yagull a pensé au petit clin d’œil rock avec deux reprises de classiques intemporels du genre : « Wishing well » de Free (1973) et « Burn » de Deep Purple (1974). Ne mettez pas les bouchons antibruit pour autant car Sasha Markovic et Kana Kamitsubo traitent tout ceci au piano et à la guitare sèche, et toujours sur un mode instrumental. On saluera l’hommage fait aux anciens et on relèvera ce petit côté original qui fait de ces reprises des moments intéressants pour tout amateur de reprises non-conformistes.
Il reste qu’à part ces incartades rock dédiées aux vieux maîtres, l’album de Yagull emmène l’auditeur au pays du calme et de la volupté et que l’ambiance particulièrement délicate et romantique de ce disque est idéale pour se détendre l’esprit ou rêvasser. Et pour un plan drague, alors là, c’est le nec plus ultra, à condition de ne pas oublier les bougies.
Pays: US
Moonjune Records
Sortie: 2015