JUCKER, Louis – The black lake (EP)
A 27 ans, Louis Jucker, citoyen helvétique et musicien de son état, a déjà une carrière bien remplie. Compositeur, producteur, chanteur et musicien dans de nombreux groupes européens de rock indie (Coilguns, The Ocean Collective, Kunz, The Fawn, etc.), Louis Jucker avait déjà, à 25 ans, effectué plus de 500 concerts et posé les pieds sur quatre des cinq continents constituant cette planète, sans compter une douzaine d’albums où il participait à la musique d’autres groupes.
Insatiable touche-à-tout, globe-trotter patenté, Louis Jucker a aussi fureté du côté de l’art contemporain avec des associations impliquant des plasticiens suisses et européens comme Augustin Rebetez, Noé Cauderez ou Gloria Bierens de Haan. Avec cette dernière, Louis Jucker anime une exposition en Suisse, où des modèles en bois bougent sous l’effet de la musique et où un lac noir canadien est reconstitué au milieu de la galerie.
Ce lac canadien a une importance dans l’éveil musical de Louis Jucker puisque c’est au bord de ses rives qu’il compose et enregistre sur un lecteur de cassettes les morceaux qui vont finir par constituer « The black lake », cinquième EP de la carrière solo de ce Suisse errant. Cet opus fait suite à « Chinese sketches » (2011), « Everything commes back the same » (2013), « Spring! Spring! Spring! » (2013) et « Eight orphan songs » (2013), autant de EPs donnant allègrement dans un anti-folk noisy et minimaliste, volontiers foutraque et romantique.
Les morceaux de « The black lake » ont d’abord été exploités sous la forme d’une cassette audio (eh oui, il y a encore des gens dans ce monde qui se souviennent des cassettes audio) pour cette fameuse exposition avec Gloria Bierens de Haan en 2013. C’est le label Hummus Records, quartier général de tous les groupes dans lesquels Louis Jucker a joué, qui réédite ces morceaux sous forme de CD et de vinyle. Huit titres sur vingt minutes, c’est effectivement d’une brièveté extrême et cela confine plutôt à un format EP. Mais après tout, il y a des albums des Stones ou de Deep Purple qui n’ont pas dépassé les huit morceaux et cette œuvre de Louis Jucker mérite qu’on s’y intéresse.
A l’issue de courts morceaux (le plus long franchit à peine les quatre minutes), Louis Jucker construit des ambiances tristes et lointaines (« Three little steps in the dark »), des comptines pour clowns au cœur déchiré (« A private note to the winter ghost »), des chants de sirènes perdues dans les brumes (« The black lake ») ou des mélopées acoustiques fissurées par l’acidité des larmes (« Don’t make up monsters »).
Onirique et attachant, un peu ailleurs, Louis Jucker fait preuve de conviction lorsqu’il dévoile son univers au travers d’une musique aventureuse et dépouillée. Autrement dit, il fait preuve d’originalité car il n’hésite à laisser parler sa personnalité profonde.
Pays: CH
Hummus Records
Sortie: 2015/03/02