DUCK DUCK GREY DUCK – Here come…
Derrière Duck Duck Grey Duck se cachent Robin Girod (guitare et chant), Nelson Schaer (batterie) et Pierre-Henri Beyrière (basse). Quelques mots sont nécessaires pour présenter ces musiciens de la scène rock helvétique car certains d’entre eux ont un pedigree déjà chargé en la matière. Nelson Schaer a accompagné Trionyx, un groupe électro lyonnais et a joué avec Erika Stucky, une musicienne jazz américano-suisse réputée. Mais c’est surtout Robin Girod qui attire l’attention ici puisqu’il a été membre du duo Les Frères Souchet et du trio Mama Rosin, dont les albums « Sailor blues« , « Louisiana sun« et « Brûle lentement« ont été chroniqués dans ces pages. La réputation de Mama Rosin comme groupe inventif et déjanté, amateur de musique cajun rigolote, a franchi les Alpes et s’est répandue dans une partie de l’Europe, ce qui est très bien comme ça.
Avec Duck Duck Grey Duck, Robin Girod et ses camarades se tournent vers une vision moderne du blues, avec de forts relents électriques et une approche assez garage. L’écoute de l’album « Here come… », premier forfait des Helvètes underground, nous ramène le souvenir des Cramps, du Gun Club ou des Soledad Brothers, de cette époque des années 80 où quelques irréductibles résistaient vaillamment à la musique synthétique et torchaient du rock garage vintage au fond de leur cave, en attendant des jours meilleurs.
Ici, Duck Duck Grey Duck réinvestit le garage pour poursuivre la lutte et émettre d’authentiques ondes bluesy et graveleuses, avec des tonalités désertiques ou hendrixiennes. On sort les sombreros et les Colts 45 dès les premières notes de « Mama don’t mind », tailladé à coups de guitare grognonne. L’odyssée désertique se poursuit sur le rythme nonchalant de « Mexico » avant que quelques ruades ne viennent secouer les tympans sur « Transworld ». Un swing jazzy fait frissonner « Swimming pool » alors que « Double monk strap » convoque des go-go girls zombies dans quelque troquet maudit des bords du Rio Grande. Des rythmiques vaudou et lascives sont l’apanage de « Like a bee » et « Wrong dream », instrumental nourri au steak de buffle. Une folie crampsienne habite « Ice cream » alors que « Walkin’ » termine l’album dans un sympathique boucan campagnard strié d’effets de guitares hululantes.
« Here come… » confirme le talent et l’intelligence musicale de Robin Girod qui met ici sur pied un groupe à la fois solide et rêveur, réaliste et fantasque. Tout cela vaut vraiment la peine qu’on s’y intéresse.
Pays: CH
Casbah Records
Sortie: 2015/02/02