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DRY CAN – Meanwhile

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Tiens, Pearl Jam a déjà sorti un nouvel album? Ah, non, en fait, c’est moi qui n’ai pas pris la peine de regarder la pochette du disque que je suis en train d’écouter. Dry Can. Oui, et alors? Après avoir fouillé dans les indications de la pochette du CD et glané quelques infos sur le Net, je suis en mesure de vous dire que Dry Can est un groupe français au départ basé sur le duo Antoine Abinun (chant et guitare) et Anne Lupieri (chant et guitare aussi). Ce groupe sort dans un premier temps un EP intitulé « Something like that » (2007), ce qui lui permet de se faire remarquer par les chroniqueurs du web, notamment en France.

Puis c’est le silence radio pour quelques années (2009-2014), jusqu’au retour du groupe dans une formule augmentée d’Olivier Crescence (basse) et Pascal Desmet (batterie), pour cet album « Meanwhile », déjà sorti en septembre dernier outre-Quiévrain et qui a finalement fait son chemin jusqu’à nous. Comme je le disais au début de cette chronique, la première impression qui jaillit entre les oreilles sont des réminiscences de Pearl Jam, tant « Path » contient dans ses entrailles toute l’énergie et le style des graisseux de Seattle. Mais Dry Can, c’est plus que du Pearl Jam recopié.

Le groupe est en effet capable d’absorber ses influences pour les personnaliser et restituer en fait une osmose entre les principaux groupes rock qui dominèrent les années 1990. Ces années sont encore assez controversées parmi les rockers. Il y a les nostalgiques absolus qui respirèrent à nouveau après les ternes années 80 et découvrirent dans Nirvana et Sonic Youth de nouveaux porteurs de lumière. Et il y a aussi ceux qui ont toujours pensé que les chevelus à chemises à carreaux avaient dénaturé le cours des choses, en détruisant notamment le royaume permanenté et bodybuildé du hair metal ou en salissant la mémoire des glorieuses années 80, synthétiques et plastifiées.

Il me serait difficile de faire ici une chronique complètement objective de l’album de Dry Can puisque je fais partie de la première catégorie. Et de plus, quand on entend la puissance développée par ce groupe francilien, la qualité de ses arrangements ainsi que sa capacité à donner une âme à ses morceaux, on ne peut qu’être enchanté par ce revival redonnant de la couleur aux déjà lointaines années 1990.

Dry Can a réussi à structurer son album de façon à ce qu’il y ait toujours une relance de l’action électrique. Après une série de titres introductifs destinés à installer le socle sonore à coups de marteau (« Path », « Aside », « Sort of »), le combo distille davantage d’humeurs subtiles en milieu d’album (« Nothing came », « Sarah’s blues »), remettant un peu de jus de gorille dans les tuyaux pour maintenir la pression (« Wasted », « Tease ») et brillant sur des constructions complexes et soyeuses (« Blue horizons »). La voix mâle, très marquée par Eddie Vedder, s’allie harmonieusement avec la voix femelle, hantée par Kim Gordon (et un chouia de Marianne Faithfull). Les guitares exécutent de belles parties, alignant de temps à autre des solos frappant l’imaginaire collectif.

La fin d’album se veut tout aussi pertinente, avec de la ballade typiquement Pearl Jam (« Away »), à laquelle succède le plus que costaud « Part time job », pour finalement achever les combats dans la douceur vaporeuse de « Mad aero ». Certes, ces gens-là n’ont pas inventé la grenade à manche mais celle qu’ils ont fabriquée dans leur petit garage explose aussi bien que les modèles authentiques. Alors, au nom de ces sympathiques années 1990, qu’on les ait connues ou non, pourquoi ne pas donner une chance à l’excellent groupe qu’est Dry Can?

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/09/22

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