ALL SHALL PERISH – Hate, malice, revenge
Depuis qu’Eddie Hermida a quitté All Shall Perish en 2013 pour remplacer le défunt Mitch Lucker chez Suicide Silence, les spéculations inquiètes courent sur le destin de ce groupe californien, un des fers de lance du deathcore. All Shall Perish a-t-il péri ou va-t-il renaître de ce nouveau coup du sort, pourtant pas un des premiers en matière de changement de personnel pour ce groupe à la structure versatile?
Mais à défaut de parler de l’avenir d’All Shall Perish, nous allons ici nous pencher vers son passé, à l’occasion de la réédition de ses deux premiers albums par le label Metal Mind Productions. L’histoire commence en 2002 dans la baie de San Francisco, autour des restes des groupes Antagony, End Of All et Boof, d’où surgissent quelques musiciens bien décidés à continuer l’aventure deathcore avec un nouveau groupe. Matt Kuykendall (batterie), Ben Orum (guitare rythmique), Mike Tiner (basse), Caysen Russo (guitare) et Craig Betit (« chant ») ont à peine fondé All Shall Perish qu’ils sont remarqués par le label japonais Amputated Vein qui leur fait sortir leur premier album « Hate, malice, revenge » en 2003.
Cet album ressort deux ans après sur le label Nuclear Blast, qui permet au groupe de monter en puissance dans son propre pays et entretient avec lui des rapports durables. Entretemps, Craig Betit et Caysen Russo ont quitté le groupe, remplacés respectivement par Eddie Hermida et Chris Storey. Ceux-ci n’apparaitront que sur l’album suivant, « The price of existence » (2006). Pour le moment c’est donc ce féroce « Hate, malice, revenge » qui sert de carte de visite à l’entrée d’All Shall Perish dans le monde du deathcore. Le groupe figure d’ailleurs parmi les précurseurs du genre, ayant réussi à combiner avantageusement ses influences héritées du death metal européen (Opeth, At The Gates) et américain (Cannibal Corpse, Dying Fetus).
Autant dire qu’ici, All Shall Perish fait une percée d’une violence inouïe. La voix d’outre-tombe oscille entre déglutition de trolls et hurlements de gargouilles frénétiques. Ce ne sont pourtant pas les hymnes à Satan qui préoccupent All Shall Perish mais des sujets politiques liés au complot, à la domination du pouvoir et des multinationales, à la corruption et à la décadence de l’humanité. Les guitaristes et la section rythmique dominent parfaitement leur sujet, amalgamant les figures de style death, metalcore, grindcore, doom et même mélodiques avec un sens aiguisé de la mesure, équilibrant le tout dans une marmite qui déverse des kilotonnes de décibels furieux, plaçant d’innommables blasts entre les deux yeux et secouant le cervelet avec des changements de rythmes spectaculaires. « Deconstruction », « Our own grave », « Sever the memory », « Never ending war » et le totalitaire « Herding the brainwashed » sont les jalons marquants de ce premier album déjà remarquable, annonciateur de la scène deathcore, par la suite pas forcément imaginative mais toujours plus intéressante que le metalcore.
Avec un tel premier album, on se demande bien comment les choses vont évoluer. Ça tombe bien, il y a une suite à la prochaine chronique.
Pays: US
Metal Mind Productions
Sortie: 2014 (réédition, original 2003)