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BARABBAS – Messe Pour Un Chien

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Nous nous sommes convertis au culte de Barabbas et aux dogmes son ‘Église du Saint Riff Rédempteur’ durant l’été 2011 ; peu de temps après avoir pris connaissance de son lumineux ‘essai théologico-sonique’ éponyme. Moins tortueuses que les discours stériles d’un évangile bimillénaire, les 33 minutes de liturgie Doom Métallique gravées sur le MCD « Barrabas » ont guidé notre chemin vers l’illumination et nous ont servi de catalyseur mystique pour éclaircir nos pensées lorsque nous voulions nous adresser au Très-Haut afin de lui faire part du peu d’estime que nous avions pour sa création. Il va sans dire que nous attendions la nouvelle offrande des ‘Saints-Riffeurs’ parisiens avec l’impatience fébrile de bobos fortunés à qui on a promis une nouvelle version de l’iPhone.

La première écoute de « Messe Pour Un Chien » ébranle nos convictions les plus profondes et nous amène presque à douter de la sincérité de l’Église du Saint Riff Rédempteur. Car avec ce nouveau chapitre de son évangile, Barabbas commet une hérésie ; une chose inacceptable du point de vue de la religion (NDR : et du Métal Old School) : IL ÉVOLUE ! Vade Retro Barabbas ! S’il était acceptable qu’une religion aille de l’avant, les prêtres catholiques ne bénéficieraient plus de leur sacro-sainte impunité et seraient, comme tout le monde, sanctionnés de leur lubricité par un ‘droit’ au mariage ; On ne jetterait aux femmes adultères musulmanes que des confettis et les moines bouddhistes pourraient enfin goûter aux délices du hamburger !

Une écoute plus attentive rassure celles et ceux qui comme nous, avaient été conquis par le message initial. Le ton sarcastique de Barabbas n’a pas changé et les lyrics sacrilèges de « Judas Est Une Femme », « Moi le Mâle Omega » ou « Priez », par exemple, n’ont pas grand choses à envier aux discours hérétiques d’« Horizon Golgotha » et « Ressuscité » que nous avions tant apprécié sur l’opus de 2011.

L’évolution qui nous a tant effrayés est donc plus imputable au son qui véhicule les paraboles infidèles qu’a leur contenu philosophique. Sans tout à fait renier les écritures de l’ancien testament pachydermique, Barabbas intègre aujourd’hui des éléments empruntés aux livres saints du Stoner, au culte hérétique du Post-Hardcore et même, à l’illusoire secte du Grunge. Bien sur, les fidèles peuvent encore compter sur l’écrasante guitare de Saint-Stéphane, sur la frappe pesante de Saint Jean-Christophe et sur la basse tonitruante de Saint-Jérôme qui broie les trippes dès qu’elle entre en action. La surprise provient de ces notes de claviers angéliques qui adoucissent souvent les structures écrasantes et, surtout, du chant de Saint Rodolphe. Le moine guerrier, qui nous avait autrefois ému de ses pêcheries musclées, susurre plus aujourd’hui son venin biblique qu’il ne nous le crache à la face. Entre le discours déclamé du titre d’ouverture, la douceur haineuse du « Couteau et L’Abîme », le chant éraillé, mais mélodique de « Judas Est Une Femme », les accents grungy du « Sabbath Dans La Cathédrale » et les vocalises dépressives de la plage éponyme, il est rare d’entendre encore le Saint s’abandonner à une juste colère.

L’Église du Saint Riff Rédempteur et son quatuor de prophètes ont donc un peu changé. En fidèle orthodoxe, nous avons eu un peu de mal à l’accepter. Cependant, les albums Doom Métal chantés en français ne sont pas légion et nous n’allons pas bouder celui-ci sous prétexte que nous sommes ignorants, rétrogrades et incapables d’appréhender tous les bienfaits de l’évolution musicale.

Pour terminer sur des louanges, nous saluons l’artwork ‘funéro-canin’ particulièrement réussi et surtout, la phénoménale bio, rédigée dans le style unique de la ‘Tour de Garde’ de nos fidèles amis du dimanche matin ; sans doute la plus hilarante des cartes de visites que nous ayons reçu depuis le début de notre carrière d’immonde scribouilleur de la toile.

L’album (56’17) :

  1. La Malédiction De Sainte Sélène (3’45)
  2. Le Couteau Ou L’Abîme (7’28)
  3. Moi, Le Mâle Omega (4’14)
  4. Judas Est Une Femme (8’23)
  5. La Beauté Du Diable (7’56)
  6. Priez ! (5’42)
  7. Le Sabbath Dans La Cathédrale (8’14)
  8. Messe Pour Un Chien (10’32)

Le groupe :

  • Saint Rodolphe : Prêche
  • Saint Stéphane : Guitare
  • Saint Jérôme : Basse, chœurs
  • Saint Jean-Christophe : Batterie

Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2014/11/05

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