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TOGNONI, Rob – The lost album

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Rob Tognoni, c’est comme Amélie Nothomb : on a droit une fois par an à la livraison de ses nouveaux travaux. La notable Nothomb fait des bouquins et le tonique Tognoni des albums de rock pêchu. Et, bien sûr, la comparaison s’arrête là.

Cette année, le cru 2014 de Rob Tognoni s’appelle « The lost album ». Intéressant, comme blaze, il doit y avoir une histoire derrière. Et en effet, on peut immédiatement lire sur les notes du CD les origines de ce disque, qui remonte en fait à 2002. A l’époque de ses débuts, au milieu des années 1990, Rob Tognoni avait signé sur le label Provogue, une petite maison artisanale dont le patron, Jan van der Linden, embauchait ses poulains non sur dossier mais sur coup de cœur. C’est sur cette étiquette que Rob Tognoni sort des premiers albums, « Stones and colours » (1995), « Headstrong » (1997), « Gravy booby » (2000) et « Monkeygrinder » (2001).

Mais en 1999, la maison Provogue passe dans d’autres mains et le nouveau taulier n’est pas vraiment sensible à la musique de l’Australien, préférant le blues du Texas. C’est ce qui motive le pliage de bagages de Rob Tognoni en 2002 et sa migration vers le label Blues Boulevard, avec qui il inaugure une brillante série d’albums « Capital wah« , « 2010dB« , « Art« , « Casino placebo« ). Entre les deux, Rob Tognoni enregistre une douzaine de titres qu’il sort à compte d’auteur sous le titre « Retro shakin’ », petit disque vendu de la main à la main à la sortie des concerts et édité à quelques centaines d’exemplaires.

Cet album n’avait jamais bénéficié d’une diffusion à grande échelle et c’est aujourd’hui chose faite avec ce « The lost album », qui sort chez Blues Boulevard et qui sert en quelque sorte de chaînon manquant entre la période Provogue et la période Blues Boulevard de Rob Tognoni. Inutile de dire que du point de vue historique et musicologique, l’objet met immédiatement l’eau à la bouche. Voici une pépite sortie des couloirs du temps qui va révéler ce que valait Rob Tognoni il y a une dizaine d’années.

Et comme il fallait s’y attendre, tout ceci s’avère fabuleux. Ce qu’était Rob Tognoni en 2002, c’est ce qu’il est toujours, c’est-à-dire un blues rocker percutant qui place ses carreaux d’arbalète là où ça fait mal et qui triture sa guitare en tous endroits du manche pour le plus grand plaisir des tympans fissurés. Au programme, du binaire statusquien qui défrise (« Comin’ home tonight »), du boogie appuyé qui fait couiner la wha-wha dans des ambiances ZZ Top (« Mr. John Lee (the boogie man) »), du solo de Fender rapide et précis (« Need a break »), des assauts hard rock façon AC/DC (« Retro shakin’ ») ou des choses moins rapides mais toujours intenses (« Vietnam soldier », « 24-hour blues »). L’album se termine sur un nerveux « Guitar boogie refried » que n’auraient pas renié Stevie Ray Vaughan ou Johnny Winter, puis sur un morceau live datant de 1996 (« Black chair ») qui rappelle aux étourdis que Rob Tognoni est aussi une bête de scène.

Sans surprise, donc, Rob Togoni propose un disque que l’on pourrait évaluer comme la continuité logique de son œuvre précédente, sauf que l’album est antérieur à cette œuvre récente. Ce qui démontre bien que le boulot qu’abat l’Australien électrifié est intemporel et qu’il est estampillé au seul fer rouge du blues et du rock ‘n’ roll. Ceux qui ne connaissent pas Rob Tognoni peuvent démarrer avec cet album comme ils peuvent commencer par la fin ou par le début de sa discographie. Il n’y pas de sens chronologique obligatoire car Rob Tognoni constitue un bloc monolithique d’énergie compacte et inextinguible.

Vous allez donc me dire que Rob Tognoni n’a pas fait de nouvel album en 2014? Certes, mais il y en a un déjà annoncé pour 2015. Attachez vos ceintures, ce n’est qu’une question de patience…

Pays: AU
Blues Boulevard 250387
Sortie: 2014/11/15

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