BENEDICTION – Organised chaos
Nous poursuivons l’évocation de quelques albums de la discographie de Benediction, tels que réédités par le label Metal Mind Productions. Après « Grind bastard » (1998), voici « Organised chaos », un disque sorti en 2001 et qui poursuit l’évolution entamée sur le précédent album, c’est-à-dire une prégnance assez marquée du hardcore sur le death metal originel de ce groupe anglais.
Ce septième album de Benediction connaît un changement de taille : l’arrivée d’un nouveau chanteur en remplacement de Dave Ingram, qui tenait fidèlement le micro depuis 1990 et qui tire sa révérence juste après la sortie de « Grind bastard ». C’est Dave Hunt qui reprend les fonctions de vocaliste mais cela ne va pas changer les choses en profondeur car le registre de Hunt est quasiment identique à celui d’Ingram : voix puissante, profonde, aux cordes vocales soigneusement entretenues au Jack Daniel’s.
L’ambiance générale de cet album affiche donc résolument une imbrication du hardcore dans le death metal traditionnel de Benediction. Dans l’histoire de ce groupe, « Organised chaos » a souvent été décrié par les amateurs de death metal comme l’album le plus faible de Benediction. C’est une question de point de vue, les auditeurs sensibles au hardcore trouveront par contre cet album tout à fait intéressant, et certains le placeront peut-être parmi les meilleurs du groupe, histoire de cultiver le paradoxe.
Il faut dire en effet que du point de vue hardcore, on sent une nette domination de ce genre dans les morceaux alignés sur « Organised chaos ». Ce sont toujours Darren Brookes et Peter Rew qui tiennent les guitares, la section rythmique étant assurée par Frank Healy (basse) et Neil Hutton (batterie). Par rapport à « Grind Bastard », cet album se pose sur un cheminement plus classique en matière de hardcore, se retrouvant dans le registre death metal à l’occasion de certains coups rythmiques typiques du genre.
Il ne reste plus qu’à se laisser capter par la densité et la rage qui habitent « Suicide rebellion », repérer des parties de guitares pompées sur Celtic Frost sur « Stigmata », se faire aplatir la cervelle par le pilonnage de « Nothing on the inside », découvrir les subtilités rythmiques de « Easy way to die », dévaler à toutes vitesses le toboggan infernal de « Don’t look down in the mirror » ou sentir le thrash metal vous fouetter les oreilles sur « Charon ». La tension accompagne l’auditeur jusqu’à la fin avec les puissants et enragés « I am the disease » et « Organised chaos ».
Au total, ces douze morceaux ont réussi à défiler sans temps morts ni tromperie sur la marchandise. Certes, Benediction s’éloigne de son style de base. Certains y verront de l’hérésie, d’autres une tentative bienvenue d’explorer d’autres horizons. Quant à moi, mon choix est fait : cet album est excellent.
Pays: GB
Metal Mind Productions
Sortie: 2014 (réédition, original 2001)