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SINISTER – Afterburner

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Le label polonais Metal Mind Productions a récemment lancé une campagne de rééditions de certains albums intéressants du metal extrême européen. Outre les magistraux Candlemass, quelques petits maîtres du death des années 90 ressurgissent pour le plus grand plaisir de nos oreilles, engourdies par de trop longues séances d’exposition au metalcore pré-pubère ou au métal néo-bidule pour cour de récréation. Ici, on va se décrasser un tantinet les cages à miel avec du brutal. Nous avions déjà commencé cette cure de jouvence avec le premier album de Sinister, présenté dans une précédente chronique. Voici maintenant un autre album de ces furieux Néerlandais habités par les démons de l’enfer, « Afterburner ».

Reprenons le cours de l’histoire. Nous avions laissé Aad Kloosterwaard et ses sbires au sortir de leur album « Aggressive measures » qui tentait de se maintenir à flot en 1998, au milieu d’une poussée novatrice affectant le death metal à l’époque. Avec un line-up renouvelé autour de Rachel van Mastrigt-Heyzer (chant), Bart van Wallenberg (guitare) et Alex Paul (basse), le batteur Aad Kloosterwaard sort « Creative killings » (2001), puis « Savage or grace » (2003), sur lequel le guitariste est déjà parti et a laissé son poste au vétéran Ron van de Polder, de retour dans Sinister après dix ans d’absence. Ces albums sont d’honnête facture dans le genre death metal mais ont un peu de mal à sortir la tête de l’eau. Peu après, Sinister se sépare.

Le hiatus dure deux ans et Aad Kloosterwaard reconstitue sa brigade de tueurs en 2005, bien décidé à défendre sa position de grand ancien du death metal néerlandais. Sinister revient alors avec « Afterburner », un album qui va encore révéler une nouvelle fois les facultés d’adaptation de ce groupe dans un environnement toujours mouvant. Quelques évolutions notables interviennent en effet sur ce septième album de Sinister, à commencer par le passage du patron Aad Kloosterwaard de la batterie au chant, les fûts étant laissés à Paul Beltman. Et l’on s’aperçoit alors que Sinister avait fait une consommation inconsidérée de vocalistes alors qu’il tenait depuis le début en son sein un champion du borborygme caverneux.

Autre évolution intéressante, l’allongement des morceaux, qui fait monter « Afterburner » et ses 45 minutes au sommet de la hiérarchie des albums de Sinister en termes de durée. Si les premiers titres affichent une brutalité et une rapidité coutumières du death metal, les choses ralentissent et s’étirent quelque peu en milieu d’album. « Men down », troisième morceau, passe déjà à six minutes et propose des changements de rythmes brutaux qui engourdissent les guitares. « Presage of the mindless » approche les huit minutes et élabore des ambiances angoissées et versatiles. Quant à « Flesh of the servant », il termine l’album dans des climats dramatiques et tendus, passant par toutes les cadences et distribuant les solos en rafale, le tout également en près de huit minutes.

C’est donc à un autre album intéressant de Sinister que nous avons affaire ici. Les amateurs de death metal trouveront matière à prouver que leur style de prédilection n’est pas simplement bourrin mais développe des subtilités insoupçonnées, qui continueront certes d’échapper aux incultes mais qui expliquent la longévité de ce genre.

Par la suite, Sinister continuera son petit bonhomme de chemin avec quatre albums supplémentaires, dont le tout récent « The post-apocalyptic servant » qui vient de sortir et qui, paraît-il, se défend bien.

Pays: NL
Metal Mind Productions
Sortie: 2014 (réédition, original 2006)

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