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SINISTER – Aggressive measures

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La scène death metal néerlandaise n’a pas à rougir des petits maîtres qui ont parcouru son histoire. Au milieu des années 80 apparaissent des combos comme Thanatos, Gorefest, Pestilence, Asphyx ou Altar, qui vont commencer à sortir d’impitoyables albums à partir de 1988-90. Ces groupes constituent la première division du death batave, Sinister constituant la deuxième. Comme les précédents, Sinister se forme en 1988 à Schiedam, dans le sud du pays, autour d’Aad Kloosterwaard (batterie), Ron van de Polder (guitare), Mike van Mastrigt (chant) et Corzas Nanuruw (basse).

Sinister va évoluer au rythme de cette scène death qui fleurit au début des années 1990, au moment où sortent des disques cruciaux du genre, comme « Consuming impulse » de Pestilence, « Mindloss » de Gorefest ou « The Rack » d’Asphyx. De son côté, Sinister sème quelques belles perles qui illustrent la vigueur et l’inspiration de ce death metal du début des Nineties, poussé vers le haut par les hautes autorités américaines, Death, Obituary ou Morbid Angel en tête. « Cross the Styx » (1992), « Diabolical summoning » (1993) et « Hate » (1995) constituent les parties nobles de la discographie de Sinister, qui conserve une relative cohérence malgré les multiples changements de personnel dont il souffre dès ses débuts. Mike van Mastrigt cède le micro à Eric De Windt en 1996, à qui succède l’épouse de van Mastrigt en 2000.

C’est donc Eric De Windt qui vient faire vrombir les growlings sur « Aggressive measures », un album de 1998 qui vient d’être réédité par le label polonais Metal Mind Productions. Ce disque constitue un tournant dans la discographie de Sinister, qui prend conscience qu’à l’époque, il y a des vents de changement dans le death metal. Nous ne sommes plus au début des années 1990 et en cette fin de siècle, de nouveaux petits maîtres viennent influencer les choses. On n’en est pas encore à Slipknot qui, l’année suivante, va venir pulvériser les cadres de pensée du death metal avec son révolutionnaire deuxième album, mais des groupes comme les Brésiliens de Krisiun (qui commencent à faire parler d’eux avec leur death brutal sur l’album « Apocalyptic revelations ») ou les Polonais de Behemoth (qui transitent du black vers le death avec leur opus « Pandemonic incantations ») élargissent le champ du death metal à des dimensions plus mondiales et plus horizontales.

Sinister, et c’est tout à son honneur, voit donc le vent tourner et force sa nature en tentant un album plus alambiqué. Il n’est pas certain que dans cette optique, « Aggressive measures » soit une réussite totale mais cet album possède néanmoins d’intéressants moments. La lente introduction angoissante « The upcoming » montre déjà des signes de changements. Mais les options choisies par le groupe montrent rapidement un enfermement dans un style brutal et relativement répétitif, souvent influencé par les Américains de Suffocation. Les rythmes sont hyper-rapides, le chant de De Windt est assez monolithique mais au fur et à mesure que l’on avance, le disque finit par montrer une certaine cohérence, gardant le meilleur pour la fin (« Chained in reality », « Emerged with hate »). Point de vue production, on n’a pas à se plaindre, le groupe étant bien servi par Hans Pieters et Vincent Dijkers, qui gèrent les manettes du studio Excess de Rotterdam, nouvel endroit pour Sinister qui n’avait enregistré jusque-là qu’en Allemagne.

« Aggressive measures » voit donc Sinister sortir de son style habituel afin de rester crédible sur la scène death metal. Il s’échappe certes du peloton mais reste coincé dans le peloton plus petit des échappés qui innovent à l’époque. L’adaptation au changement servira néanmoins Aad Kloosterwaard et ses hommes, qui vont encore faire face à de nouvelles turbulences quelques années plus tard. C’est ce que nous verrons dans une prochaine chronique.

Pays: NL
Metal Mind Productions
Sortie: 2014 (réédition, original 1998)

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