AT THE GATES – At War With Reality
Notre préliminaire : votre serviteur n’est pas un inconditionnel du Death Métal Mélodique made in Göteborg et un nouvel album d’At The Gates ne faisait pas franchement partie de ses fantasmes les plus fous.
Comme chacun le sait, At The Gates fut, avec In Flames et Dark Tranquility, l’un des membres du triumvirat suédois qui, au tout début des années 90, jeta les bases du ‘son de Göteborg’ et donc, du Death Métal Mélodique. Alors qu’In Flames et Dark Tranquility ont persévéré dans le style en inondant le marché de galettes (souvent) recommandables, At The Gates, lui, a jeté l’éponge dès 1996, après n’avoir publié que quatre albums (NDR : le petit dernier « Slaughter Of The Soul », sorti peu avant la séparation du groupe, est considéré par beaucoup comme le pinacle du genre) et s’être ainsi assuré le statut de ‘groupe culte’. La suite, nous la connaissons : les frères Jonas et Anders Björler (respectivement basse et guitare) ont fondé The Haunted avec lequel ils se sont reconvertis dans le Thrash Moderne ; Adrian Erlandsson (batterie) a joué les mercenaires au sein d’une pléthore de formations célèbres (Brujeria, Paradise Lost, Vallenfyre, Cradle Of Filth, etc.) et Tomas Lindberg (chant) à craché son venin chez Lock Up, Nightrage, The Crown, et bien d’autres encore. Le groupe s’est reformé en 2007 pour une série de concerts, tout en criant haut et fort qu’il ne ferait pas de nouvel album. Tout le monde sait ce que valent les promesses d’ivrognes et, en Suède, on boit énormément.
« At War With Reality » est donc le premier album enregistré par At The Gates après 19 années d’un silence que ses fans semblent avoir trouvé assommant. Ceux-ci sont donc très heureux de retrouver ces presque 45 minutes de musique extrême et technique, interprétée par une brochette d’excellents musiciens et hurlées de manière un peu stressante par un Tomas Lindberg plus écorché que jamais. Du point de vue d’un ‘non-fan’ et donc d’un ‘non-expert’ dans toutes les subtilités du genre, la nouvelle plaque ressemble fortement à celles qui l’ont précédées, et donc, par extension, aux centaines de disques de groupes Death mélodiques qui, après 1996, ont joyeusement pompé l’héritage de leur parrain disparu. Aussi excellent qu’il soit, At The Gates semble donc se perdre dans la masse actuelle des formations qui se sont inspiré de son style.
Cette chronique n’est probablement pas aussi objective qu’elle aurait dû l’être, ni aussi fougueuse qu’elle l’aurait été s’il s’était agi du retour de l’un des héros de la jeunesse du scribouillard qui l’a pondue. Mais il faut se rendre à l’évidence : entre le ‘joyau redécouvert’ et la ‘vieille merde séchée que l’on aurait mieux fait de ne pas remuer’, il n’y a souvent qu’une infime frontière, liée aux goûts, aux expériences et aux souvenirs personnels de l’auditeur. Beaucoup, je n’en doute pas, se jetteront avidement sur « At War With Reality », trop contents de replonger dans les racines d’une musique qu’ils apprécient. Je me contenterai, quant à moi, d’y rester indifférent et de ranger ce CD promo aux côtés de ceux que, par goût personnel uniquement, je ne réécouterai jamais.
L’album (44’25) :
- El Altar Del Dios Desconocido (1’06)
- Death Ant The Labyrinth (2’32)
- At War With Reality (3’08)
- The Circular Ruins (4’27)
- Heroes And Tombs (3’59)
- The Conspiracy Of The Blind (3’18)
- Order From Chaos (3’25)
- The Book Of Sand (The Abomination) (4’27)
- The Head Of The Hydra (3’38)
- City Of Mirrors (2’05)
- Eater Of Gods (3’50)
- Upon Pillars Of Dust (2’39)
- The Night Eternal (5’42)
Le groupe :
- Tomas Lindberg : Chant
- Anders Björler : Guitares
- Martin Larsson : Guitares
- Jonas Björler : Basse
- Adrian Erlandsson : Batterie
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2014/10/27