INUTILI – Unforgettable lost and unreleased
A peine six mois après avoir fait leur connaissance sur leur album « Music to watch the clouds on a sunny day« , nous retrouvons les Italiens des Inutili qui nous remettent une seconde couche de leur extraordinaire psychédélisme lourd et astral.
Si les choses ont été si vite entre deux albums, c’est que l’ici présent « Unforgettable lost and unreleased » est une collection de morceaux enregistrés depuis longtemps et n’ayant pas encore été édités. Ici, Alessandro Antinori (batterie), Giancarlo Di Marco (basse), Pietro Calvarese (guitare) et Danilo Di Francesco (guitare) sont surpris lors de jams dans les studios Torricella, qu’ils fréquentent à plusieurs occasions en 2012 et 2013.
Ceux qui avaient laissé leurs oreilles errer sur « Music to watch the clouds on a sunny day » connaissent déjà le style particulier de ces Italiens dont on en sait désormais un peu plus grâce à une longue interview publiée sur leur blog et accessible par le lien au bas de cette chronique. Ce qui surprend, c’est que là où on attendait une bande de jeunes chevelus en chemises à fleurs et pantalons pattes d’éléphant armés d’un matos vintage, on trouve d’honorables quadras au look propret mais dont l’esprit n’est jamais revenu de la stratosphère électrique dans laquelle ils se complaisent.
La preuve avec cet insensé « Unforgettable lost and unreleased » qui, comme son nom l’indique, ressort des tiroirs des morceaux improvisés aux durées insensées. Neuf morceaux déroulant le tapis rouge psychédélique pendant plus d’une heure et quart sont là pour attraper l’esprit de l’auditeur et le propulser dans des confins saturniens où il subit le choc électro-lysergique ultime. Des titres comme « Noise again », « Radon », « The monarch must die » dépassent allègrement les dix minutes et font peu de cas de la qualité sonore, le dernier de ces trois titres étant parfaitement odieux de ce point de vue. Dommage car les élucubrations astrales des Inutili sont de formidables vecteurs de contact avec l’espace-temps. Les petits défauts sonores sont cependant largement rattrapés par le souverain « My girlfriend is a zombieslut », promenade de plus de vingt minutes dans des ondulations stroboscopiques lourdes générées par la basse pesante et aérienne de Giancarlo Di Marco.
La récente mauvaise nouvelle concernant les Inutili est justement le départ de ce fantastique Giancarlo Di Marco, qui était la tête pensante du groupe. Sans leur gyroscope psychédélique à quatre cordes, les Inutili sont déjà peut-être en train d’errer dans un maelstrom cosmique aride et vide d’inspiration. Mais en attendant, on peut toujours se consoler avec les performances énormes du groupe sur ce deuxième album, aussi recommandable que le premier, mais uniquement pour ceux qui ont des tympans multidimensionnels.
Pays: IT
Aagoo Records
Sortie: 2014/12/01