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QUANTUM JUMP – Quantum Jump

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Tiens, avec ce groupe, on va se cultiver un peu. Les Anglais de Quantum Jump se forment en 1975 en s’inspirant du saut quantique (« quantum jump », en anglais), qui est, dans un atome, le passage d’un électron d’un état d’énergie donné à un état d’une autre énergie. Ce passage est un phénomène discontinu : le changement d’état se fait de manière instantanée. Voilà déjà pour ce qui est de la physique quantique. Mais avec Quantum Jump, on va aussi passer à la géographie avec le mot qui démarre la troisième chanson de leur premier album : Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaungahoronukupokaiw-henuakitanatahu. Heureusement qu’il y a le copier-coller sur Internet, parce que, sinon, on ne s’en sortait pas. Ce mot, considéré comme le nom de lieu le plus long du monde, est celui d’une colline de 305 mètres située au nord-est de la Nouvelle-Zélande. Il est l’exact opposé du nom de la ville d’Y, située en France dans le département de la Somme.

Bien, maintenant que l’on se couchera moins idiot ce soir, procédons à la présentation de ce groupe Quantum Jump. Il est formé à l’instigation de Rupert Hine, qui se fera un petit nom dans le domaine de la production. Il démarre sa carrière comme chanteur avec le duo folk Rupert & David dans les années 60, jouant notamment dans les clubs londoniens avec un Paul Simon encore inconnu et sortant un single sur lequel officiaient Herbie Flowers et surtout Jimmy Page comme musiciens de studio. En solo, Hine réalise deux albums en 1971 (« Pick up a bone ») et 1973 (« Unfinished picture »), tous deux sortis sur le label Purple Records, maison fondée par les musiciens de Deep Purple.

Devenu producteur, Rupert Hine produit notamment l’album « The confessions of Dr. Dream and other stories » de Kevin Ayers et le deuxième album d’Yvonne Elliman en 1973. Celle-ci fréquente à l’époque le guitariste Mark Warner, avec qui Rupert Hine reparle de refaire de la musique. Il constitue une équipe avec l’ex-Caravan John G. Perry (basse) et Trevor Morais (qui avait tenu les baguettes dans le groupe jazz The Peddlers). Le quatuor élabore des chansons d’abord basées sur l’improvisation et qui prennent ensuite forme pour un premier album qui sort en 1976.

Cet album est réédité ici par Esoteric Recordings et présente des caractéristiques qui reflètent bien l’époque de cette fin des années 1970, où certains groupes d’obédience progressive expérimentent des sonorités jazz et funk. Dans cette veine, Quantum Jump exprime une musique qui se nourrit de funk et de jazz mais où les structures rock ne sont pas absentes. Il préfigure en quelque sorte le disco à venir mais y arrive par un chemin funk rock. Quantum Jump va connaître son petit quart d’heure de gloire avec la chanson « The lone ranger », qui va cartonner dans les charts, non pas immédiatement après sa parution sur le premier album du groupe mais en 1979, en pleine époque disco et en format remixé. C’est bien sûr ce mot interminable démarrant la chanson qui marque les esprits. Il est le résultat d’une suggestion du manager du label de Quantum Jump, qui souhaite une idée originale capable de concrétiser le potentiel de succès de cette chanson. Rupert Hine ouvre le Guinness des records et trouve le nom le plus long du monde, qu’il prononce sans hésitation en introduction de « The lone ranger ».

Pour le reste, l’album « Quantum Jump » ne se résume pas à cette performance vocale sur « The lone ranger ». On y trouve certes du funk (« Captain boogaloo », « The lone ranger ») mais également des compositions progressives alambiquées et rythmées (« Alta Loma road », « Cocabana Havana » « Something at the bottom of the sea »), qui rappellent la scène de Canterbury. Ceux qui n’aiment pas le funk mais apprécient le prog ne pourront donc pas blâmer la totalité de ce disque, qui bénéficiait à l’époque d’une certaine originalité dans l’approche créatrice.

Les gens de Quantum Jump sortiront un second album en 1977 (« Barracuda ») avant de se séparer. En 1979, un album de remixes de morceaux des deux albums (« Mixing ») est publié, et c’est là que l’on se met vraiment à découvrir ce groupe à cheval entre plusieurs styles mais dont l’opinion générale a gardé – à tort – le souvenir d’une formation disco.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2472
Sortie: 2014/10/27 (réédition, original 1976)

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