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CAPTAIN BEEFHEART – Live from Paris 1977

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Le label Gonzo Multimedia commence à prendre l’habitude de rééditer de vieux concerts de Captain Beefheart. C’est une habitude très estimable et qui devrait être déclarée d’utilité publique mais sous une seule réserve : éviter de tomber sur des enregistrements au son calamiteux.

Encore traumatisé par l’écoute pénible du « Live from Harpo’s 1980« , qui ne révélait rien de plus qu’un show (intéressant) handicapé par une sonorité désastreuse issue de l’enregistrement du concert au fond de la salle avec un dictaphone d’occasion, j’ouvre d’un œil méfiant ce « Live from Paris 1977 », en provenance du même label qui avait osé rééditer le « Live from Harpo’s ». A quel brouhaha inaudible allons-nous avoir droit ici? Angoisse lorsque le casque enserre les oreilles et que le doigt appuie sur la touche de démarrage.

Le suspense est insoutenable, comment va sonner le bon Captain sur ce show capté au nouvel Hippodrome de Paris le 19 novembre 1977? Après réflexion, on peut conclure que, même si ce n’est pas la grande merveille sonore, on se trouve quand même confronté à un bien meilleur résultat que sur le « Live from Harpo’s ». Me voilà rassuré et prêt à livrer quelques informations supplémentaires sur les circonstances de ce concert.

En 1977, Captain Beeheart est un peu en stand-by du point de vue discographique. Il a publié deux albums en 1972, (« The spotlight kid » et « Clear spot »), puis deux en 1974 (« Unconditionnally guaranteed » et « Bluejeans and Moonbeams » et il ne revient en studio qu’en 1978, avec « Shiny beast (Bat chain puller) ». En 1975, on le voit au côté de son fidèle camarade Frank Zappa sur l’album live « Bongo fury », et c’est à peu près tout, hormis quelques concerts aux Etats-Unis en été et une tournée européenne plus conséquente en automne, où Captain Beefheart joue notamment à l’Hippodrome de Pantin de Paris, le 18 octobre, à l’instigation du parti trotskyste, qui organise la Fête Rouge.

Cette manifestation semble avoir intéressé le Captain puisqu’il revient en France deux ans plus tard, le 19 novembre 1977, pour participer à nouveau à ce festival organisé par l’extrême-gauche. Ce passage à l’Hippodrome de Pantin sera d’ailleurs la seule date en Europe pour les années 1976 et 1977, insigne honneur fait aux trotskystes, avec qui le farfelu et avant-gardiste Captain devait bien s’entendre. Pour l’anecdote, Gong et Buffy Sainte-Marie s’étaient également produits lors de ce festival. Ce concert français de Captain Beefheart est d’autant plus intéressant qu’il sera un des derniers exécutés en Europe, mise à part une dernière tournée de quelques dates en novembre 1980.

Le concert de l’Hippodrome de Pantin permet de retrouver Captain Beefheart et son Magic Band, composé pour l’occasion de Denny Walley (guitare), Eric Drew Feldman (basse et claviers), Jeff Morris Tepper (guitare), Robert Williams (batterie et percussions) et Harry Duncan (harmonica), qui n’est autre que le manager du Captain. Côté set list, ce double CD présente un florilège large du répertoire de Captain Beefheart. A part les albums « Strictly personal », « Unconditionnally guaranteed » et « Bluejeans and Moonbeams », tout le reste de la discographie a ses représentants. Du premier album « Safe as milk » de 1967 (avec « Abba Zaba » et « Electricity ») jusqu’à « Bat chain puller » (« Bat chain puller », « Floppy boot stomp », « Suction prints ») et même le « Doc At the radar station » qui ne sera publié qu’en 1980 (« A carrot is as close as a rabbit gets to a diamond »), l’essentiel de Captain Beefheart est joué ici, y compris bien entendu des titres du classique et déroutant « Trout Mask replica », chef-d’œuvre dadaïste de 1969.

On sent un Captain Beefheart heureux d’être sur scène, affrontant les cris et les hurlements d’une foule parfois déchaînée. Le son, sans être miraculeux, bénéficie néanmoins d’un bon équilibre permettant de distinguer tous les instruments et la cacophonie, inévitable sur certains morceaux de Captain Beefheart, est voulue, ce qui distingue le génie de la médiocrité.

Certes, Gonzo Multimedia est encore allé chercher un live que l’on peut écouter intégralement sur YouTube. Mais les amateurs patentés de Captain Beefheart pourront toujours tirer satisfaction de la possession de cet enregistrement en CD. Avec encore un peu d’efforts, Gonzo Multimedia parviendra sans doute à mettre dans le mille avec les bootlegs de Beefheart, à savoir le live à Amsterdam en 1980 ou celui de Kansas City en 1974.

Pays: US
Gonzo Multimedia
Sortie: 2014/09/22

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