WAMPAS (Les) – Les Wampas font la gueule
Ah, les Wampas! Indestructibles, inaltérables à l’eau de mer, accrochés à la scène punk française depuis trente ans comme une bande de morpions, n’ayant jamais lâché un millimètre de rébellion dans un monde ayant abandonné ses rêves dans tous les domaines. Les Français fous sont de retour avec un onzième album où, ils le disent eux-mêmes, ils font la gueule. Et effectivement, quand les Wampas sont en pétard, ça promet de chauffer.
C’est bien sûr le grand patron de l’affaire, Didier Wampas, qui réunit encore une fois ses sbires pour remettre en lice ses vieux démons rock ‘n’ roll et lancer à la face du monde policé et pédant une nouvelle fournée de chansons criardes, romantiques ou décalées qui ont fait le style Wampas depuis leur premier album, un « Tutti frutti » qui remonte quand même à 1986.
Alors, comment survit-on trente ans sur la scène rock française quand on sait que celle-ci n’est pas particulièrement propice à la frange la plus punk des groupes hexagonaux? Il faut avoir une sacrée dose d’inconscience ou une inextinguible envie d’en découdre. Les Wampas se définissent un peu d’après ces deux critères, les revenus de Didier Wampas (générés par un estimable emploi d’électricien à la Régie Autonome des Transports Parisiens) lui ayant toujours permis de ne pas dépendre entièrement de sa musique pour survivre et donc de pouvoir écrire les choses qu’il voulait sans craindre les hasards de la mode ou les diktats des maisons de disques.
Après son album solo « Taisez-moi » de 2012, Didier Wampas, désormais retraité de la RATP, reprend le collier avec les Wampas et ce nouvel album « Les Wampas font la gueule ». Retraité, Didier Wampas l’est peut-être du métro parisien mais du point de vue musical, il n’a toujours pas raccroché. Qu’on en juge avec cette série de titres hautement électrifiés et juvéniles, hantés par les textes improbables ou pertinents de Monsieur Wampas. « Les Ravers de Spezet » est traversé par d’implacables accords de grosses guitares bien chaudes. Il faut avoir une certaine culture pour suivre les textes des Wampas. Spezet, par exemple, est un petit bled breton du Finistère. Il faut aussi savoir ce qui s’est passé en « Mars 78 », ce qui n’est pas forcément évident pour les jeunes générations. Mars 1978, c’est le mois où est mort Claude François, prétexte pour les Wampas de tresser un hommage à la variété française des Seventies (déjà ringarde à l’époque mais devenue encore plus nulle depuis; ça, c’est mon avis perso).
On n’a cependant pas toujours besoin d’avoir l’œil rivé sur Wikipédia pour écouter les chansons de ce nouvel album des Wampas. Les mélodies adolescentes et les textes pré-pubères anxieux hantent des morceaux comme « Je voudrais » (du Téléphone revitaminé) ou « Julie London ». Un petit orgue Farfisa bricolé sous-tend un « Toi et moi » très dans la veine Lio ou Elli et Jacno période 1980. Les textes n’ont pas toujours grand-chose à voir avec les titres et on cherche encore le lien logique des paroles de « Le bug de l’an 2000 », « Marfa » ou l’hilarant « Les lesbiennes bavaroises », titre qui pourrait provoquer l’ire des lobbys LGBT mais qui se situe bien dans l’esprit punk qui consiste toujours à fustiger la bien-pensance, qu’elle soit traditionnelle ou supposément moderniste.
Mais ne nous posons pas de questions sur ces paroles parfois surréalistes, le barrage de guitares à la Ramones (« Victoria ») est là pour vider la tête et faire bondir contre les murs avec un sourire idiot. On peut ainsi résumer l’esprit général de ce disque avec la dernière chanson du disque : « C’est pas moi qui suis trop vieux », qui dénonce la musique merdique qui inonde les médias dominants et rend les gens abrutis. Donc, pour garder la pêche, rester corrosif et cultiver une éternelle jeunesse, rien de mieux qu’une petite cure de Wampas, toujours alertes et électriques, spirituels et irrévérencieux. A consommer sans modération.
Pays: FR
Verycords
Sortie: 2014/10/13