FAFARD, Antoine – Ad perpetuum
Le bassiste Antoine Fafard revient ici avec un troisième album solo qui confirme les qualités de ce musicien québécois en matière de jazz fusion. Le personnage commence à se faire un nom dans la profession et a toujours su s’entourer de collaborateurs triés sur le volet pour réaliser ses albums. Après « Solus operandi » (2011) et « Occultus tamitis« (2013), l’ancien bassiste de Spaced Out édite « Ad perpetuum », un album qui conserve les caractéristiques des précédents, à savoir un titre en latin et des ambiances jazz fusion qui révèlent un très haut niveau technique.
Antoine Fafard connaît du beau monde et après avoir fait venir sur ses albums des musiciens de haute volée comme Terry Bozzio (Jeff Beck, Frank Zappa), Jerry Goodman (Mahavishnu Orchestra), Gavin Harrison (King Crimson, Porcupine Tree), Scott Henderson (Tribal Tech), Simon Phillips (Jeff Beck, Toto), Chad Wackerman (Allan Holdsworth, Frank Zappa) ou Dave Weckl (Chick Corea, Mike Stern), le voici en compagnie de Vinnie Colaiuta (batterie, qui a aussi joué avec Frank Zappa et Jeff Beck, ainsi qu’avec Joni Mitchell et Sting) et Jerry De Villiers Jr. (guitariste compositeur québécois également titulaire d’un gros CV : Ziggy Marley, Diane Dufresne, Frank Marino et une pléthore de jazzmen).
Ce troisième album d’Antoine Fafard a été composé en trois mois, un délai imposé par Colaiuta dont l’agenda surchargé n’offrait qu’un court créneau pour l’enregistrement des morceaux. C’est donc avec ce défi en tête qu’Antoine Fafard a mis sur partition une dizaine de titres. Et ce n’est pas parce qu’ils ont dû être élaborés dans un court délai que ces pièces manquent de complexité ou de finesse. Au contraire, on est ici dans un jazz fusion d’un classicisme pur. Peut-être un peu trop classique d’ailleurs, car on ne peut s’empêcher de penser, à l’écoute, que ces titres rappellent largement des choses déjà entendues par le passé.
Cependant, il faut quand même souligner la performance d’Antoine Fafard, qui a réussi à construire une instrumentation impeccable, remarquablement produite et suscitant des atmosphères variées. Le style de cet album pourrait se résumer dans un des morceaux dont le titre en dit long : « Same but different ». Cette différence vient du fait que pour la première fois, Antoine Fafard compose un album solo du début à la fin avec les mêmes musiciens, ce qui apporte bien évidemment une forte cohérence. Après cela, tout est affaire de goût mais il faut bien avouer que les solos de guitare de De Villiers Jr, les rafales sur les fûts de Colaiuta et les parties rythmiques de Fafard sont tout simplement sidérantes. Dans le genre, on appréciera plus particulièrement des titres comme « Eternal loop », « PolySeven » ou « The egg ».
Pour être tout à fait complet sur cet album, mentionnons aussi la présence sur trois titres du claviériste Gerry Etkins et du saxophoniste Jean-Pierre Zanella sur trois autres morceaux. Gary Husband vient quant à lui doubler la batterie sur « D-day ». Et il va sans dire qu’aucun chanteur ne vient se mesurer à tous ces géants de l’instrument, on est dans du jazz fusion, pas dans une chorale de scouts.
Pays: CA
Unicorn Digital UNCR-5092
Sortie: 2014/10/15