MORAINE – Groundswell
En termes géologiques, une moraine est un amas de débris rocheux déposé par un glacier. Mais en termes musicologiques, Moraine est le nom d’un groupe de jazz-rock progressif de Seattle. Actif depuis quelques années autour de Dennis Rea (guitare), Alicia DeJoie (violon), James DeJoie (saxophone, flûte, percussions), Kevin Millard (basse) et Stephen Cavit (batterie, percussions, remplacé depuis par Tom Zgonc), Moraine sort son troisième album « Groundswell », qui fait suite à « Manifest density » (2009) et « Metamorphic rock« (2011).
Les trois années qui séparent le nouvel album du précédent ont été mises à profit pour développer le son du groupe vers davantage de complexité, si l’on en juge par les longues pièces qui jalonnent « Groundswell ». Moraine élabore ainsi un mélange réussi entre jazz, rock et musique progressive, voire expérimentale. On trouvera cependant des réminiscences de groupes progressifs classiques, comme Soft Machine, Gong ou King Crimson, surtout du fait de l’intervention d’un violon et d’un saxophone.
Si Moraine démarre son album avec des morceaux instrumentaux courts (précisons effectivement qu’il n’y a pas de chant chez ce groupe exclusivement instrumental), il le termine avec un enchaînement de longues pièces qui permettent une expression totale et une exploitation exhaustives des idées du groupe. Il faut dire aussi que le producteur Steve Fisk, légendaire ingénieur du son du Nord-Ouest américain, impliqué dans des albums de nombreux groupes fameux (Soundgarden, Nirvana, The Wedding Present, Screaming Trees, The Posies, etc.), permet à Moraine d’explorer toutes les possibilités du studio, ce qu’on remarque bien à l’écoute de l’album.
L’expérience des musiciens de Moraine apparaît au grand jour sur ce remarquable « Groundswell ». Il faut dire que tous ces gens ont plus d’une vingtaine d’années d’expérience en termes de groupes, de pratique musicale multi-instrumentiste et de cheminement à travers des genres musicaux variés. L’album démarre dans la lenteur inquiétante de « Mustardseed », puis s’ébroue sur les rythmes véloces de « Skein » (qui voit Dennis Rea placer des solos princiers). « In that distant place » est un titre écrit pour Moraine par le compositeur Jon Davis, de même que « Mustardseed » a été écrit par Daniel Barry. A part cela, tous les autres morceaux proviennent des musiciens de Moraine. C’est avec « Waylaid », « Spiritual gatecrasher » et « The Okanogan lobe » que Moraine termine son album en pleine possession de ses moyens. Le violon d’Alicia DeJoie tisse des toiles complexes et envoutantes. La flûte de son mari James DeJoie plane sur les lourdes ambiances de « Spiritual gatecrasher » et le saxophone fait corps avec la guitare sur « The Okanogan lobe », pour un résultat dynamique et musclé.
Le résultat, on l’aura compris, est un album intéressant qui parvient à apporter un souffle neuf dans un registre progressif maintes fois visité par les jazzmen. Cela vaut vraiment la peine de laisser traîner une oreille pour en découvrir les bienfaits.
Pays: US
Moonjune Records
Sortie: 2014/08/29