BLUES KARLOFF – Ready for judgement day
Le blues rock belge s’enrichit d’un nouveau groupe appelé Blues Karloff, un nom qui rappelle irrésistiblement le grand Boris Karloff, éternel monstre de Frankenstein au cinéma. Et du monstrueux, on va en goûter avec ce groupe qui sort de son laboratoire un blues à la puissance phénoménale, prêt à tout détruire sur son passage.
Par son style décapant, Blues Karloff se place dans la lignée des nouveaux groupes de blues rock qui mettent de larges louches de rock lourd dans leur musique, façon Geezer, Radio Moscow ou Rob Tognoni. Mais les gens de Blues Karloff ne sont pas des perdreaux de l’année, les bonnes bouilles de papys qu’on voit sur les photos trahissant surtout des gaillards blanchis sous le harnais et sur lesquels on ne parierait pas un kopeck dans un concours de combat rock.
Erreur, car Alfie Falckenbach (chant), Paul Van Camp (guitare), Fonzie Verdickt (guitare), Frans Ruzicka (basse) et Georges Milikan (batterie) ont laissé les cannes au vestiaire et sont au contraire capables de fulgurances électriques imparables quand il s’agit de traiter le blues. Et leur premier album « Ready for judgement day » est là pour en témoigner.
Ceux qui ne veulent pas prendre de risques sur un nouveau groupe de blues de peur d’écouter des nouveaux morceaux aux airs de déjà entendu vont pouvoir se livrer en toute quiétude à cet album car Blues Karloff ne parie pas sur l’avenir mais revisite le passé avec une impressionnante cargaison de reprises. Quinze des seize morceaux viennent en effet du musée et sont dépoussiérés à grande giclées de guitares musclées et de chant généreux. Et en plus, c’est le rugueux Rob Tognoni qui a mixé l’album, autant dire que ça va dézinguer dans la vallée.
Au programme, que du classique : « Who’s been talking » de Chester Burnett, « Train kept-a-rollin’ », « Boom boom » de John Lee Hooker, « The hunter », « Better by you, better than me » de Spooky Tooth, « Oh pretty woman », « Rock me baby » de B.B. King, « Got love if you want it », « Neighbor, neighbor », « I’m ready » de Willie Dixon, « Big boss man » et deux titres de Robert Johnson, « If I had possession over judgement day » et « Cross road blues ». Un seul morceau original (« Mean ol’ woman blues ») semble perdu au milieu de cette masse de classiques et fait un peu pâle figure en comparaison. Il aurait cependant eu sa chance avec d’autres titres originaux du même niveau.
Mais si les hommes de Blues Karloff sont plus à l’aise dans la reprise que dans des morceaux personnels, libre à eux. Ils ont d’ailleurs raison de briller là où ils sont le plus à l’aise car il vaut mieux de bonnes reprises que des travaux personnels laborieux. Ici au moins, on en a pour son argent et les fantastiques solos de guitare, la rythmique puissante et impériale qui sert un chant pointu musardant du côté d’Ozzy Osbourne ou Mick Farren sont un véritable régal pour les tympans et pour l’âme.
Il ne reste plus qu’à attendre ces lascars sur une scène devant un public bien chaud. Vu l’enthousiasme que Blues Karloff développe sur disque, il ne fait pas de doute que le groupe devrait aussi être une belle attraction en live.
Pays: BE
Blues Boulevard
Sortie: 2014/10/10