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SPEAR, Roger Ruskin – Unusual

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Nous retrouvons Roger Ruskin Spear dans son deuxième solo de 1973, qui fait suite à « Electric shocks », sorti l’année précédente. Ici encore, l’ex-saxophoniste du Bonzo Dog Doo-Dah Band continue ses élucubrations arty et vaudevillesques, mélange farfelu de Noel Coward et Benny Hill.

Son label United Artists, qui tient Spear sous sa coupe du point de vue contractuel, attend encore un album de sa part. Heureusement, le premier album solo de Spear, tout loufdingue qu’il soit, contient suffisamment de qualités pour rassurer les cadres d’United Artists quant à une suite vinylique acceptable. Roger Ruskin Spear remet donc le couvert en prenant la route des studios Felsham, tenu par son copain d’école, un certain Pete Townshend.

Pour la mise au point de « Unusual », Roger Ruskin Spear reprend les mêmes formules que sur son album précédent. Il convoque plus ou moins les mêmes complices, à savoir Thunderclap Newman (qui vient avec ses saxophones) ou le producteur Chris Glass, et s’en remet à plusieurs reprises de vieux titres des années 30, qu’il réinterprète de façon outrancière et humoristique. Et, tout comme il avait mis la main sur les Flamin’ Groovies sur son premier album, Roger Ruskin Spear élabore un titre avec les gens de Help Yourself, qui font les imbéciles sur « I love to bumpity bump (on a bumpy road with you) », précisément une des reprises d’un titre des années 30. Elément récurrent de tous ces morceaux, les choristes des Maggie Stredder Singers (pseudonyme des Ladybirds, qui opéraient aussi sur des albums de Marc Bolan, Sandie Shaw ou dans l’émission Top of the Pops), viennent poser leur chant sur cet ensemble encore une fois très influencé par le music-hall des années 30.

« Unusual » porte bien son nom et montre un Roger Ruskin Spear qui se plaît à faire de la provocation avec de la musique surannée des années 30 alors que ses collègues rockers tentent de faire peur à l’époque à grand renforts de guitares, mais les plus subversifs ne sont pas forcément ceux que l’on imagine. On notera en particulier la reprise rocambolesque du « Pinball wizard » des Who, insensée et iconoclaste, propre à faire dresser les cheveux sur la tête de n’importe quel fan de la bande à Roger Daltrey. L’opinion généralement répandue sur cet album est qu’il a moins de relief que son prédécesseur. Mais Roger Ruskin Spear a toujours défendu son deuxième opus, avançant qu’il est au contraire plus mature que le premier. En ce sens, il n’a pas tort mais l’écoute de ce genre de disque à notre époque contemporaine révèle immédiatement le fossé qui existe désormais entre les lubies créatrices des Seventies et le formatage calculé et froid du 21e siècle.

Néanmoins, l’écoute de « Unusual », tout comme d’ »Electric shocks », est intéressante du point de vue historique et artistique, montrant au passage l’étendue de l’imagination musicale de Roger Ruskin Spear, un hurluberlu éminemment sympathique et plein d’esprit.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2464
Sortie: 2014/08/25 (réédition, original 1973)

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