DEVIANTS – Barbarian princes – Live in Japan 1999
Si comme moi vous ne vous êtes pas encore remis du décès de Mick Farren survenu l’année dernière, une poignée de rééditions d’albums tardifs des Deviants par Gonzo Multimedia vont certainement vous mettre en joie. En effet, le label américain sort ces temps-ci les derniers albums des Deviants, « Barbarian princes » (1999), « The Deviants have left the planet » (1999) et « Dr. Crow » (2002).
Mais avant de se plonger dans l’étude de ces albums récents, un petit mot sur les albums anciens des Deviants, essentiels pour comprendre la scène proto-punk anglaise des années 60. En effet, Mick Farren et sa bande d’allumés ont commis entre 1967 et 1969 trois albums qui contiennent les graines de ce qui allait devenir plus tard le punk. A l’époque, la musique contenue dans « Ptooff!« (1967), « Disposable« (1968) et « The Deviants« (1969) rebondit de psychédélisme délirant en rock garage rugueux, avec une dose de folie douce insufflée par cet illuminé de Mick Farren, également journaliste et écrivain underground. A l’époque, les activités subversives des Deviants passent complètement inaperçus aux yeux du grand public et ce n’est pas le groupe issu de la dissolution des Deviants, les non moins mythiques Pink Fairies, qui va également réussir à se hisser sur les marches de la notoriété.
Aujourd’hui, ces groupes vont l’objet d’un culte chez les amateurs d’underground ou de hard rock psychédélique, ayant largement contribué à l’émergence de la nouvelle scène stoner et néo-psychédélique qui bénéficie de nos jours d’une meilleure considération. Du côté des Deviants, le groupe de Mick Farren profitera néanmoins d’une reconnaissance sur le tard, grâce à quelques reformations ans les années 80, 90 et 2000.
Il y eut tout d’abord un retour en 1984 avec l’album live « Human garbage », qui ne fut qu’un petit coup éphémère. Douze ans plus tard, Mick Farren remet le couvert avec son Deviants IXVI, qui sort l’album « Eating jello with a heated fork », vendu sou le manteau en 1996. A cette époque, Mick Farren s’est entouré de nouveaux musiciens, dont son camarade Andy Colquhoun (avec qui Farren commettra l’album « Black vinyl dress« juste avant de nous quitter). On se doit aussi de signaler la présence sur cet album du légendaire Wayne Kramer, guitariste du MC5, l’équivalent américain des Deviants en ces riantes années 1967-69.
Et nous voici maintenant dans le cœur du sujet avec la continuation de cette reformation des Deviants opérée à partir de 1996. Ici, les choses semblent durer un peu plus puisqu’on retrouve les Deviants sur un album live sorti en 1999. Ce « Barbarian princes » a été enregistré dans un petit club japonais et, outre Mick Farren (chant et incantations diverses) et Andy Colquhoun (guitare), met également lice Doug Lunn à la basse et Ric Parnell à la batterie. Ce dernier bénéficie d’une micro-réputation dans le monde ultra-limité des amateurs de groupes de hard rock obscur des années 70 puisqu’il a écrasé les peaux dans Horse, groupe responsable d’un seul album de hard rock sauvage en 1970, ainsi que chez l’un peu plus connu Atomic Rooster.
Le concert japonais de 1999 révèle des Deviants en bonne forme, interprétant quelques chansons de leur album de 1996 ainsi que des nouveaux titres. On reste captivé par les élucubrations de Mick Farren qui grogne des paroles insensées, et surtout par les solos athlétiques et nerveux d’Andy Colquhoun, impérial sur la Fender. Le son est correct, le démarrage bien carré d’« Aztec calendar » met tout le monde en confiance et inaugure une série de titres motivés et sans temps mort. Parmi ceux-ci, les longs et tendus « Leader hotel » et « Dogpoet » sortent du lot, avec leurs flots de paroles surréalistes, leur rythmique serrée et la guitare virevoltante d’Andy Colquhoun.
Pour le business musical mondial, cet album live des Deviants est un non-événement. Mais au fond des caves, les freaks frémissent à nouveau : les Deviants sont de retour et Mick Farren est toujours aussi indomptable.
Cette réédition est doublée d’un DVD qui montre le show en images mais l’objet est plutôt anecdotique. Mal filmée par de lointaines caméras, mal montée, la vidéo possède surtout l’intérêt de permettre de voir Mick Farren et ses sbires en action sur scène. Le son est de la même qualité que celui du CD et l’ordre de défilement des morceaux est différent.
Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2014/07/28 (réédition, original 1999)