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HELP YOURSELF – Reaffirmation – An anthology 1971-1973

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Dans la grande nébuleuse rock anglaise des années 1970, de nombreux petits satellites ont en vain essayé de se faire aussi gros que les planètes géantes qui gravitaient dans les hautes sphères des hit-parades. Help Yourself fait partie de cette longue liste de groupes passés à côté de leur chance à l’époque mais que les amateurs de rock n’ont pas oubliés pour autant. De nos jours, critiques et amateurs éclairés s’accordent à conclure que Help Yourself était bien plus qu’un groupe de série B et que les chansons officiant dans un registre country rock et pré-Americana méritent absolument une sérieuse considération. Le label Esoteric Recordings ne s’y est pas trompé et publie en un double CD un résumé crucial de ce que ce groupe londonien a pu produire entre 1971 et 1973, ère dorée du rock s’il en est.

L’histoire de Help Yourself débute à la toute fin des années 60 dans une usine de cosmétiques, où bossent Malcolm Morley et Richard Treece. Le premier chante et le second joue de la guitare. Ils montent Help Yourself avec l’addition du bassiste Ken Whaley et du batteur Dave Charles, qui opérait chez les bluesmen de Sam Apple Pie (autre groupe complètement oublié qui mérite d’être redécouvert). Avec Paul Burton comme manager, le groupe se fait promouvoir par la petite agence Famepushers, qui leur trouve un contrat de sept ans chez United Artists avant même que Help Yourself n’ait joué le moindre concert. Le premier show intervient en octobre 1970, deux mois avant l’enregistrement du premier album qui parait en fin de compte en avril 1971.

Ce premier disque éponyme transcrit un rock à la fois country et psychédélique qui est fort bien reçu par la critique. Le magazine Rolling Stone voit en Help Yourself un groupe qui joue plus du Neil Young que Neil Young lui-même et compare le disque au premier album de Buffalo Springfield. Ce premier disque inaugure également la carrière houleuse de Help Yourself, avec tout le toutim typique des groupes rock de l’époque : excès de drogues, exclusions inopportunes de musiciens (Ken Whaley est viré sans ménagement par le management afin que Help Yourself trouve de nouvelles idées pour son album suivant) ou dépression chronique du leader Malcolm Morley, en proie à des troubles bipolaires.

Au moment de la confection du deuxième album « Strange affair », Richard Treece a repris la basse et la guitare a été partagée entre Ernie Graham (ex-Eire Apparent, combo psychédélique auteur d’un album en 1969) et JoJo Glemser. Graham fait également office de chanteur, afin de soulager Morley d’une responsabilité trop lourde pour ses frêles épaules névrosées. Plus américanisé dans le son, avec un son de basse un peu plus funky signé Paul Burton (qui est venu épauler Richard Treece), cet album brille surtout par l’impressionnant « The all electric fur trapper », morceau de près de dix minutes qui libère de belles parties de guitares stratosphériques. Ce morceau est signé Sean Tyla, le roadie du groupe qui ne va pas tarder à être promu au grade de guitariste.

Help Yourself est fort bien entouré en 1972. Soutenu par John Peel qui leur enregistre une session pour la BBC, le groupe a également des accointances avec le groupe gallois Man et particulièrement Deke Leonard qui joue avec lui sur scène. Pete Townshend des Who et Captain Beefheart sont également des grands fans. A la fin de l’année, Help Yourself sort son troisième album « Beware the shadow », plus sombre et plus triste que les précédents, l’ombre citée dans le titre faisant référence à la personnalité torturée de Malcolm Morley. Le clou du disque est sans conteste la magnifique envolée « Reaffirmation », qui part dans des entrelacs de guitares échevelées durant plus de douze minutes.

Après le single « Mommy won’t be home for Christmas/Johnny B. Goode » qui sort à la Noël 1972, Help Yourself attaque sa dernière année d’existence avec le retour du premier bassiste Ken Whaley. Tout requinqué par ce retour inespéré, le groupe baptise son nouvel album « The return of Ken Whaley », tout simplement. Cet album révèle des sonorités plus anglaises que précédemment. « Candy Kane » pourrait être comparée à du Beatles période album blanc et « Man, we’re glad to know you » est un hommage direct au groupe Man, leur coreligionnaire du label United Artists. On remarque également la longue improvisation « It has to be », exécutée lors d’un trip au LSD aux studios Olympic, avec des parties de synthétiseurs rajoutées par le batteur Dave Charles. Lors de sa parution, « The return of Ken Whaley » est commercialisé avec un disque live gratuit intitulé « Happy days ». Ce sera la dernière participation de Paul Burton, qui quitte le groupe peu après.

Les jours de Help Yourself sont alors comptés et le groupe se sépare en juillet 1973, lors de la préparation d’un cinquième album qui ne verra le jour qu’en 2004, à l’occasion d’une reformation éphémère du groupe. Le label Esoteric Recordings retrace toute l’aventure musicale de Help Yourself au travers de cette double anthologie qui sélectionne les meilleurs morceaux des quatre albums, propose aussi les titres parus en singles ainsi qu’un extrait live (paru en 1972 sur la compilation live « Christmas at the Patti », avec des musiciens de Man et de Cochise). Evidemment, on aura compris que tout ceci est un must pour les amateurs des Seventies ou les historiens du rock anglais.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 22459
Sortie: 2014/07/28 (réédition, original 1971-73)

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