HEDERSLEBEN – Upgoer
Derrière le nom très germanique de ce groupe se cachent en fait des Américains, qui ont pris ce nom d’après une petite commune allemande située en Saxe. Les Américains seraient-ils devenus fortiches en géographie? Auraient-ils arrêté de confondre la Hollande et la Pologne? Pas forcément, car les musiciens de Hedersleben ont pris ce nom parce qu’ils connaissent parfaitement la réputation de cet endroit. A Hedersleben, en effet, se trouve le Kosmische Muzik Zentrum, que même les non-germanistes peuvent traduire facilement. C’est une ancienne ferme devenue un centre d’expérimentations musicales et de rencontres entre musiciens, venus jammer et partir dans la stratosphère. De vieux maîtres du Krautrock comme Klaus Henatsch de Nektar ou Uwe Mullrich d’Embryo sont des visiteurs réguliers de ce centre.
Qui dit rock cosmique dit space rock et qui dit space rock pense immédiatement à Hawkwind et à un de ses membres historiques les plus éminents, Nik Turner. L’infatigable saxophoniste spatial s’est récemment fendu d’un album appelé « Space gypsy« , enregistré avec de vieux monstres de la profession rock, comme Jason Willer (UK Subs) et Jeff Miles (Chelsea) à la section rythmique, Jürgen Engler (Die Krupps) à la guitare rythmique et aux claviers. La guitare est tenue ici par Nicky Garratt, un Californien qui fait aussi fonction de directeur artistique pour le projet. C’est à la suite de cet album que naît le groupe Hedersleben. Avec Kephera Moon et Kyrsten Bean au chant et aux claviers, puis Bryce Shelten remplaçant Jeff Miles à la basse, Nicky Garratt travaille sur un nouvel album de Brainticket, groupe space rock suisse toujours animé par l’inusable Joel Vandroogenbroeck.
C’est juste après la réalisation de cet album qu’Hedersleben enregistre son premier album « Upgoer ». Avec des fanatiques du space rock comme Nicky Garratt et son groupe, il n’est donc pas étonnant de trouver dans cet album des reconstitutions à l’identique du son et des ambiances des disques de prog allemand des Seventies. Avec « Upgoer », on se croirait revenu dans les rangs d’Ash Ra Tempel ou de Brainticket, en plein 1973, prêt à décoller vers l’ionosphère ultime pour ne jamais revenir. Les atmosphères éthérées et planantes s’étendent sur de longs morceaux d’une durée moyenne de huit minutes (cinq titres, quarante minutes de trip). C’est un authentique voyage astral, qui fait aussi parfois penser à du Pink Floyd, qui s’ouvre à nous, petits cosmonautes perdus dans l’orbite de Jupiter. Il va falloir pousser fort sur le satellite pour retrouver le vaisseau-mère car l’équipage est parti très haut dans l’espace intersidéral.
On aura compris que l’album « Upgoer » intéressera beaucoup les astrophysiciens du rock et nous pouvons d’ores et déjà annoncer qu’il comprend une suite, avec le deuxième album « Die neuen Welten », qui fait l’objet d’une autre chronique.
Pays: US
1305 Unterharz Records
Sortie: 2013