SPIRITS BURNING & WISHART, Bridget – Make believe it real
Quand on évoque Spirits Burning, on s’attaque à une nébuleuse space-rock dont les ramifications dépassent l’imagination. Car qui dit space rock dit bien entendu Hawkwind et qui dit Hawkwind dit myriades de musiciens ayant joué dans le groupe à diverses époques. Et pour ce qui est de Spirits Burning, les connections avec Hawkwind sont nombreuses et complexes. Ce collectif est formé à San Francisco en 1996 par un certain Don Falcone. Ce musicien et producteur américain évolue dans d’obscures formations du genre Thessalonians, Melting Euphoria ou Spaceship Eyes, parallèlement à ce projet Spirits Burnings qui fut un de ses premiers groupes.
Falcone ressuscite Spirits Burnings et en fait un groupe de long terme qui va sortir une douzaine d’albums à partir de 1999, parfois à une cadence stakhanoviste. Citons sans souci d’exhaustivité « New worlds by design » (1999), « Reflections in a radio shower » (2001), « Alien injection » (2008), « Golden age orchestra » (2009), « Behold the action man » (2011) ou « Healthy music in large doses » (2013). La caractéristique de ces albums était de toujours mettre en contact des musiciens space rock de haut niveau, parmi lesquels on compte bien entendu des anciens d’Hawkwind mais aussi de Gong ou de Steve Hillage.
Pour ce nouveau « Make believe it real », on ne coupe pas à la tradition et on retrouve une impressionnante pléthore de spationautes chevelus, parmi lesquels il faut commencer par la chanteuse Bridget Wishart. Celle-ci a bien entendu fait partie d’Hawkwind (de 1989 à 1991, sur les albums « Space bandits », « Palace springs » et « California brainstorm ») mais elle a également mené carrière en collaboration avec de multiples formations comme Mooch, Omenopus, Osiris The Rebirth, Spaceseed ou The Chumley Warner Brothers. Avec Don Falcone, elle n’en est pas à son premier album de Spirits Burning puisqu’elle a déjà participé à quatre des précédents disques.
Pour ce qui est des autres musiciens, la liste qui figure sur le CD laisse pantois. On en compte près d’une quarantaine, dont certains demi-dieux de la profession : Daevid Allen (Gong), Dave Anderson (Hawkwind, Amon Düül II), Harvey Bainbridge (Hawkwind), Richard Chadwick (Hawkwind), Simon House (Hawkwind, High Tide, Robert Calvert), l’inévitable Twink (Tomorrow, Pink Fairies, Pretty Things, Mick Farren et – tiens donc! – Hawkwind). Parmi les plus obscurs, le pourcentage de musiciens ayant appartenu à Hawkwind est presqu’aussi élevé que la proportion de Corses dans les douanes françaises.
Tout ce petit monde s’est attaché à sortir cet album « Make it believe real », qui se déroule sur deux CD dont un CD de titres bonus. On trouve un peu de tout ici : rock progressif bucolique (« Make believe »), space-rock épais (« Revenant », « Demonkind »), techno trance (« Be careful what you wish », « Skyline signal ») et longue litanie folk (« Reflections »). Le deuxième disque maintient l’engin dans la stratosphère avec le rock dansant de « Always (spirited away) », la nonchalance plutonienne de « No one cries in space » et « Iceflow » ou les violons psychédéliques et orientaux de « Make it believe real ». Le dernier morceau « Chain of thought » termine sur plus de huit minutes d’accès électriques alternant avec des flottements cosmiques. A tous les moments de l’album, la voix diaphane et vaporeuse de Bridget Wishart a insufflé une atmosphère planante et lointaine, un effet réussi par rapport aux ambiances entretenues ici.
Les aficionados de la galaxie Hawkwind trouveront avec « Make if believe real » une nouvelle pièce à monter sur le grand vaisseau du space rock. Les autres pourront profiter d’un intéressant voyage au pays des étoiles électriques et de la musique de l’hyper-dimension.
Pays: US
Gonzo Multimedia
Sortie: 2014/03/03