SASSAFRAS – Expecting company

Le label Esoteric Recordings a très souvent l’excellente idée de rééditer des albums de groupes totalement inconnus ayant opéré durant les années 70. C’est une occasion de découvrir de petites pépites dans les domaines rock, hard rock ou progressif et c’est une façon de rétablir parfois une formation injustement oubliée dans ses droits à la légende.

Avec Sassafras, on est exactement dans cette catégorie de groupe doué qui aurait pu se faire une petite place au soleil à un moment ou à un autre mais qui, pour diverses raisons (au premier rang desquelles figure souvent la malchance), s’est retrouvé condamné aux oubliettes de l’histoire du rock.

Ce groupe se forme au pays de Galles en 1970 autour de Ralph Evans (guitare et chant), Ricky John Holt (basse et chant), Bob “Congo” Jones (batterie) et Dai Shell (guitare). La plupart de ces musiciens ont évolué dans des petits clubs et des cabarets de la région de Caerphilly, petit bled des environs de Cardiff. Mais certains avaient déjà une expérience au sein de groupes plus ou moins en vue. Ainsi, Bob Jones était un ancien de Love Sculpture et Ralph Evans jouait dans The Sect Maniacs (qui allait devenir Amen Corner).

C’est après plusieurs années de travail acharné que le groupe met la main sur son vocaliste, un chanteur du nom de Terry Bennett, qui venait en droite ligne du groupe Exit, formation pour le moins obscure. Sassafras (dont le nom vient du titre de l’album “Hot Smoke and sassafras” de l’excellent groupe heavy psych texan Bubble Puppy, paru en 1969), fait son chemin jusqu’aux studios AIR du fameux George Martin grâce à son manager Carl Leighton-Pope, qui avait déjà permis au groupe d’enregistrer des démos dans son propre studio.

Sorti en 1973, l’album “Expecting company” déborde de belles promesses. Outre l’intéressante pochette (dont une édition désormais ultra-rare proposait une photo en 3D), ce disque parcourt des chemins entre boogie lourd à la Status Quo (“Electric chair”, “The goose that laid the golden egg”), country folk sudiste joyeux (“Busted country blues”) et péripéties plus progressives entachées de celtisme (“Expecting company/Meanwhile back in Merthyr”). On remarque également d’excellentes parties de guitares sur “School days”, non pas la reprise de Chuck Berry mais un morceau original qui met en valeur les qualités des deux guitaristes Ralph Evans et Dai Shell, qui aimaient se laisser aller à des duos de guitares à la façon de Wishbone Ash.

Bien qu’ayant réuni un grand nombre de fans grâce à ce premier disque et ayant fait bonne figure sur scène (notamment en tournée avec Stackridge, Black Oak Arkansas, Fleetwood Mac et Ten Years After), Sassafras ne parvient pas à se faire remarquer d’un public plus large. Quelques départs se produisent (Bob Jones, remplacé par Chris Shirley ; Ricky John Holt, remplacé par Steve Finn, un ancien du groupe Universe) mais le groupe survit en passant chez Chrysalis pour deux albums supplémentaires, “Whealin’ and dealin’” (1975) et “Riding high” (1976), qui voit revenir les vétérans Ricky John Holt et Bob Jones. Bennett part finalement rejoindre le groupe Kracatoa et Sassafras continuera de tourner sans arrêt durant les années 70, même jusqu’en Europe de l’Est.

Après s’est séparé pour de bon, Sassafras a connu une reformation en 2000, concrétisée par un album live enregistré dans son fief de Cardiff. Aujourd’hui, ses membres vaquent à diverses occupations principalement dédiées à la musique mais Sassafras n’a jamais perdu la petite aura qu’il avait acquise auprès de fans dévoués bien que peu nombreux. La réédition Esoteric Recordings rend donc hommage à cette sympathique formation avec le premier album “Expecting company”, accompagné en bonus du rare 45 tours “Oh don’t it make you want to cry/Kansas City wine”.

Pays: GB
Esoteric Recordings ECLEC 2442
Sortie: 2014/04/28 (réédition, original 1973)